Et de neuf. « Le laboratoire central vétérinaire d’Algete (Madrid) a confirmé la présence du virus de la peste porcine africaine (PPA) chez sept autres sangliers retrouvés morts. » C’est ce qu’a annoncé le ministère espagnol de l’Agriculture ce 2 décembre 2025. Ces nouveaux cas ont été localisés dans la même commune près de Barcelone, Cerdanyola del Vallès, à proximité de l’endroit où les deux premiers cas ont été détectés la semaine dernière dans le nord-est du pays.
[Dossier] Faire barrage à la peste porcine africaine (13/07/2025)
Des experts de l’Union européenne en visite sur place
« Avec ces nouveaux cas positifs, la présence de la maladie est confirmée chez un total de neuf animaux sauvages, tous situés dans la même zone », poursuit le texte qui précise que les élevages de porcs et exploitations « situées dans un rayon de 20 kilomètres autour de la zone infectée ont été inspectés », et que les contrôles n’ont rien révélé de suspect pour le moment.
Mardi, l’équipe vétérinaire d’urgence de la Commission européenne, composée d’experts épidémiologistes, est arrivée sur place pour « évaluer les mesures mises en place sur le terrain et émettre des recommandations afin de renforcer les actions permettant de contrôler la maladie le plus rapidement possible », ajoute le ministère.
L’Espagne a déjà déployé 120 agents ruraux ainsi qu’une centaine de soldats de l’UME (Unité militaire d’urgence espagnole), épaulés par des drones, pour « effectuer des travaux de désinfection, de prospection, de recherche et de retrait des animaux ». Une des hypothèses envisagées pour le retour en Espagne de ce virus par les experts est qu’il aurait pu arriver via une charcuterie contaminée transportée par la route, ensuite consommée par un sanglier.
Une course contre la montre
Une éventuelle propagation de la PPA serait très dommageable pour la filière porcine en Espagne, troisième plus grand producteur mondial de viande porcine et de ses dérivés. Le pays exporte chaque année 2,77 millions de tonnes vers plus de cent pays, dont une grande part hors Union européenne, d’où les efforts de Madrid pour empêcher le virus d’atteindre les fermes catalanes.
Lundi soir, le ministre de l’Agriculture Luis Planas s’est félicité que la Chine ait accepté de « régionaliser » le commerce de porc, c’est-à-dire interdire les exportations provenant de la région de Barcelone, mais maintenir en revanche toutes celles émanant d’autres zones du pays. En Europe, la peste porcine africaine est actuellement présente dans les pays baltes et dans plusieurs territoires d’Europe de l’Est, depuis son arrivée par la Russie en 2014.
Les producteurs de porc « très préoccupés »
L’industrie porcine espagnole est « très préoccupée » par ces cas de PPA dans le nord-est du pays, les premiers depuis 1994. La protection des porcs domestiques est « l’objectif principal », explique Miguel Angel Higuera, directeur de l’Association nationale des producteurs de porc d’Espagne. Une analyse effectuée ce week-end sur toutes les fermes situées dans un rayon de 20 kilomètres autour du foyer a révélé des « échantillons 100 % négatifs », a-t-il insisté.
L’enjeu pour la filière porcine espagnole est aussi de préserver ses exportations et pas seulement vers la Chine. Miguel Angel Higuera a déclaré que le secteur travaille avec le ministère de l’Agriculture pour voir si de telles restrictions commerciales régionalisées pouvaient être mises en œuvre ailleurs, « en identifiant les marchés que nous perdons et si la viande qui devait y être envoyée peut être redirigée » vers d’autres zones.
Mais les répercussions vont de toute façon se ressentir quelque temps : il faut que 12 mois s’écoulent après le dernier cas recensé pour décréter la disparition de l’épidémie. » D’autres sangliers positifs seront certainement trouvés, nous n’avons toujours pas atteint le point zéro pour déclencher le compteur de ces 12 mois », avertit Miguel Angel Higuera, qui a prédit que la situation allait « durer un certain temps ».
Comment faire face à ce fléau ?
Un plan de réponse élaboré et testé depuis des années par le ministère de l’Agriculture et les régions espagnoles, qui ont la responsabilité de première ligne de la gestion des urgences dans le système décentralisé du pays, est désormais en place et les protocoles prévus sont mis en œuvre, notamment des contrôles sanitaires dans les fermes porcines.
« Nous avons envoyé des messages très forts et puissants à nos membres pour renforcer encore, si possible, toutes les mesures de biosécurité » et empêcher le virus d’atteindre les fermes, insiste Miguel Angel Higuera. « Là où nous avons des problèmes, et où tout le monde en Europe a des problèmes, c’est avec la population de sangliers, car il y a une surpopulation. Il n’y a pas suffisamment de gestion par la chasse pour faire face à cette croissance si élevée » du nombre de sangliers.
Miguel Angel Higuera se dit toutefois confiant, et assure que « les protocoles de confinement fonctionnent », alors que des centaines d’agents de santé régionaux, des troupes et des experts de l’Union européenne s’efforcent de contenir l’épidémie.