L’hiver 2018 a été exceptionnellement pluvieux. « Le cumul pluviométrique du 1er décembre au 21 janvier atteint souvent le double de la normale », constate Météo-France (1). Si la vague de froid actuelle est à prendre en compte, notamment en termes de ralentissement végétatif, « les réserves d’eau des sols sont élevées et les températures relativement douces, expose Loïc Madeline, de l’Institut de l’élevage. La pousse de l’herbe dans les prairies bien implantées pourrait donc être abondante. Il y aura urgence à sortir les animaux pour valoriser la biomasse hivernale et préparer la repousse, en favorisant le tallage des graminées et le développement des légumineuses rampantes. »
Transition alimentaire
Le premier passage sur les parcelles doit se combiner à la nécessaire transition alimentaire des ruminants. L’introduction dans la ration d’une herbe très riche en eau et pauvre en cellulose et en magnésium peut provoquer des troubles métaboliques, comme la tétanie d’herbage ou l’entérotoxémie. « Durant les deux premières semaines de mise à l’herbe, la ration hivernale doit constituer une part conséquente de l’alimentation des animaux, à hauteur de 30 à 50 % de la matière sèche, pour limiter les risques. »
Le déprimage des parcelles aide à trouver un compromis entre les besoins des prairies et ceux des animaux. « Le déprimage n’est pas une simple mise à l’herbe, précise Loïc Madeline. C’est une opération de pâturage précoce, qui se veut le plus rapide et intense possible. En moyenne, les animaux restent une journée sur la parcelle. Si la portance le permet, il faut démarrer tôt pour éviter que l’herbe ne dépasse les 8-10 cm à l’entrée des animaux, et viser 5 cm à la sortie. Si la végétation est plus abondante, le troupeau peut être contraint, en réduisant la taille des parcelles. » D’un point de vue végétal, l’objectif est d’intervenir sur un maximum de prairie en un minimum de temps. D’un point de vue zootechnique, l’objectif est de limiter l’accès à l’herbe pour que les animaux continuent à ingérer une part de ration hivernale. « Idéalement, la mise à l’herbe se fait par temps sec, et si possible après disparition de la rosée qui, sinon, s’additionne à l’eau contenue dans la matière végétale ingérée », ajoute Loïc Madeline.
(1) Par rapport à la moyenne mensuelle de référence 1981-2010