« Une femme doit toujours prouver, se justifier, elle n’a pas droit à l’erreur. Si elle échoue, les autres diront que c’est parce qu’elle est une femme. Un homme ne fera pas l’objet de ce type de commentaire. » Ce témoignage de Marianna Briançon, jeune éleveuse dans les Hautes-Alpes, plante le décor du documentaire « Regard sur l’agriculture au féminin ».
« Nous avons voulu explorer la place des femmes dans le monde agricole ainsi que leur combat », expose Camille Denis, coréalisatrice de ce film d’une vingtaine de minutes avec sept autres étudiantes du CFPPA de Carmejane au Chaffaut-Saint-Jurson (Alpes-de-Haute-Provence). D’une vingtaine de minutes, il a été réalisé dans le cadre d’un projet d’initiative et de communication en éducation socioculturelle de la formation BTS ACSE.
Parcours d'agricultrices
Six jeunes agricultrices des Alpes du Sud, filmées sur leur exploitation, évoquent tour à tour leur parcours. Une enseignante et une technicienne agricole apportent leur regard extérieur. « Ce métier, je l’ai choisi, indique Margot Mégis, productrice de lavandin à Roumoules (Alpes-de-Haute-Provence), issu du monde agricole. J’aime ce travail avec la nature, les saisons, l’autonomie, etc. » Ses consœurs ont elles aussi décidé d’embrasser cette carrière par choix même si les préjugés sont tenaces.
« En stage, c’est aux garçons que l’on demande de garder le troupeau, les filles sont reléguées à la transformation du fromage parce que c’est comme ça ! », indique Léa Philip, technicienne agricole. Bref, il y a encore beaucoup à faire sur la répartition des tâches et la maternité. « La paternité, ça existe aussi ! », insiste Marianna Briançon. Selon ces femmes, les choses commencent à évoluer parce qu’elles élèvent leurs enfants différemment.
Ce court-métrage a été présenté au centre culture René Char à Digne (Hautes-Alpes), le 5 avril 2024. Dans le public, il y avait des agriculteurs, des représentants du monde professionnel et des familles. « On nous a félicitées ! sourit Camille Denis. Les échanges ont été enrichissants. Beaucoup de personnes ont pris la parole pour partager leur vécu. » Prochaine étape, diffuser cette création auprès des centres de documentation et d’information des lycées agricoles.