« Nous vivons actuellement ce que les éleveurs ovins endurent depuis plusieurs années », se désole Ludovic Martin, qui dirige un troupeau de 50 mères blondes d’Aquitaine avec Didier, son fils, à la Seyne (Alpes-de-Haute-Provence). Dans ce département, le loup change de proie. Depuis l’an passé, le prédateur s’attaque de plus en plus aux veaux. Cet été, Ludovic Martin a perdu cinq veaux à Allos, la commune où ses bêtes pâturent de la mi-juillet jusqu’au 10 novembre. C’est son fils qui a découvert les veaux gisant dans une mare de sang. Les attaques ont eu lieu à 10 jours d’intervalle. « Une vache avait disparu, nous avons fini par la retrouver apeurée », précise l’agriculteur, qui a pris la décision de redescendre le troupeau avec plus d’un mois d’avance, alors qu’il y avait encore de l’herbe et de l’eau en alpage. Autre conséquence : l’arrêt des mises bas en plein air à partir de l’an prochain.
Indemnisations réexaminées
Jean-Luc Ferrand, également éleveur sur la commune de la Seyne, a lui aussi perdu un veau cet été. La prédation a eu lieu sur l’un de ses parcours en haute montagne, situé à 10 kilomètres de sa ferme. La mère, une vache inscrite au herd-book limousin, achetée plus de 3 000 euros l’an dernier pour participer à des concours, a aussi été agressée. « Elle boîte, on ne sait pas si elle pourra être sauvée, indique Jean-Luc Ferrand. Une autre a avorté à cause du stress. » Cet éleveur avait été confronté au loup il y a une dizaine d’années. « Ceci nous avait conduits à procéder aux mises bas en bâtiment, expose-t-il. Et les génisses ne pâturent plus en montagne. Depuis, nous n’avions plus eu de problème jusqu’à cette année. Les élevages ovins étant mieux protégés, le loup s’en prend à nos troupeaux. »
Ces éleveurs se battent désormais pour être indemnisés. « Les services de l’État ont retoqué nos demandes, indique l’un d’entre eux. Ils estiment que les preuves attestant qu’il s’agit du loup ne sont pas suffisantes. » Une vingtaine de dossiers devraient être réexaminés par l’Administration.