« La fertilité et la prolificité, des lots de brebis mettant bas à l’automne, sont en moyenne plus basses depuis que nous mettons place des moyens de protection du troupeau », indiquait François Demarquet, directeur de la ferme expérimentale de Carmejane dans les Alpes-de-Haute-Provence, le 11 octobre à Gramat (Lot), lors des journées techniques ovines (JTO).  Avant l’arrivée des loups et l’adoption d’outils pour protéger le troupeau (voir l'encadré), la fertilité du lot de mise bas d’automne s’affichait à 73 % et la prolificité à 160 %. Aujourd’hui, les deux critères s’établissent à respectivement 68 % et 140 %.

Ces chiffres sont issus d’une étude comparant les campagnes de 2013 et 2014, avant les premières attaques de loup, aux campagnes de 2018, 2019 et 2020, depuis lesquelles la mise en place des moyens de protection est devenue routinière.

L’arrivée des loups a totalement bouleversé la conduite des animaux sur la ferme. Avant 2015, la lutte de printemps se déroulait sur des prairies autour de l’exploitation après création de plusieurs lots. Aujourd'hui, les brebis et béliers luttent en avril-mai avec les gestantes du lot d’agnelage de juin, sur des prairies éloignées du siège de l’exploitation. Le troupeau est sous la surveillance d’un berger. Les animaux sont regroupés tous les soirs en parcs de nuit. « Cela les oblige à marcher davantage et c’est une hypothèse pour expliquer la baisse des performances de reproduction », déclare François Demarquet.

Pour l’agnelage de printemps, les mesures des poids de naissance et le taux de mortalité avant 5 jours ne sont pas différents avant et après mise en place des moyens de protection.

Des parcours moins utilisés

« L’utilisation des parcours par les brebis a chuté de plus de 53 % au cours des dernières campagnes, explique François Demarquet. Avant 2015, nous les utilisions toute l’année. Les animaux étaient installés dans des parcs électrifiés. Les brebis pâturaient 24 heures sur 24." La principale raison de la réduction de l’utilisation des parcours est liée à l’absence de pâturage à l’automne en raison de la cohabitation impossible avec les chasseurs. La présence des chiens de protection n’est pas compatible avec celle des chiens de chasse.

L’augmentation du travail liée à l’installation des moyens de protection est évaluée à 165 heures par an à laquelle s’ajoute l’embauche d’un berger dédié pour 4 à 6 mois de l’année. Le temps consacré aux soins et à l’alimentation des chiens de protection est évalué à 240 h par an, soit à près de la moitié des 490 h liées à l’utilisation des parcours et à la protection du troupeau hors travail du berger.

La suite de l’étude présentera d’ici quelques semaines, l’impact économique.