La pétition contre la loi Duplomb a dépassé ce lundi 28 juillet 2025 la barre des deux millions de signatures sur le site de l’Assemblée nationale. Lancée par l’étudiante Éléonore Pattery, la pétition avait déjà atteint un million de signatures le 20 juillet dernier, une première sur le portail de l’Assemblée, ce qui ouvre la voie à l’organisation d’un nouveau débat dans l’Hémicycle.
Sa portée sera toutefois limitée : si les différents groupes politiques pourront exprimer leurs positions, elle ne permettra pas, seule, de revenir sur les dispositions déjà adoptées. La pression s’accentue en tout cas un peu plus sur le gouvernement, sommé par la gauche, les ONG et désormais une partie non négligeable de l’opinion publique d’abroger le texte.
Outre des mesures sur les retenues d’eau ou les seuils d’autorisation environnementale des bâtiments d’élevage, la loi « Duplomb-Menonville », du nom des sénateurs de droite et du centre qui l’ont portée, cristallise les critiques en raison de la réintroduction sous conditions d’un pesticide, l’acétamipride, interdit en France depuis 2018, mais autorisé en Europe.
Sentiment de défiance
Un sondage de Cluster17 pour le parti Génération Écologie, dans La Tribune Dimanche, confirme le sentiment de défiance : 61 % des personnes interrogées se disent défavorables à cette loi, dont 46 % « très défavorables ». Elles sont 64 % à souhaiter qu’Emmanuel Macron ne promulgue pas le texte et qu’il le soumette à une nouvelle délibération au Parlement.
« Historique », ont commenté les Écologistes sur X, demandant de ne pas laisser les Français « sans réponse » et le réexamen du texte par l’Assemblée.
Historique.
— Les Écologistes - EELV (@EELV) July 28, 2025
La pétition contre la loi Duplomb vient d’atteindre les 2 millions de signatures.
Les Français·es ont largement exprimé leur colère et leur inquiétude. Ne les laissons pas sans réponse.
L’Assemblée nationale doit réexaminer le texte. pic.twitter.com/bLDRk0DUC4
La pétition a été abondamment relayée sur les réseaux sociaux par des ONG, des partis politiques mais aussi des personnalités comme l’acteur Pierre Niney, le musicien Julien Doré ou l’influenceuse EnjoyPhoenix. Elle demande l’abrogation « immédiate » de la loi, « la révision démocratique des conditions dans lesquelles elle a été adoptée », alors qu’il n’y a pas eu de réel débat dans l’Hémicycle, et une « consultation citoyenne des acteurs de la santé, de l’agriculture, de l’écologie et du droit » sur les sujets soulevés.
Son succès « prouve que l’intelligence collective existe — et qu’elle triomphera, tôt ou tard », a commenté le 23 juillet sur le réseau LinkedIn l’étudiante à l’origine de la pétition, qui ne souhaite pas s’exprimer dans les médias.
« Ce sont les reculs écologiques récents » qui sont contestés
« Ce que dit cette pétition, ce n’est plus un fait divers à ce niveau-là, c’est un fait de société », a estimé sur France Info le Haut-commissaire au plan, Clément Beaune, pour qui « ce n’est pas la loi Duplomb qui est contestée par beaucoup de nos concitoyens, beaucoup de jeunes en particulier, mais c’est plus largement les reculs écologiques récents ».
Le texte, adopté définitivement le 8 juillet 2025 après un parcours législatif très agité, attend désormais le couperet du Conseil constitutionnel, saisi par la gauche, qui rendra sa décision « a priori » le 7 août et pourrait censurer toute ou partie de la loi.
Les timides pétitions en faveur de la loi Duplomb (22/07/2025)
Macron appelle à concilier « science » et « juste concurrence »
L’exécutif marche sur des œufs face à cette mobilisation citoyenne de grande ampleur : le président de la République a dit attendre la décision des Sages avant de s’exprimer sur la pétition. Il a appelé à concilier « science » et « juste concurrence » en matière environnementale, selon ses mots le mercredi 23 juillet en conseil des ministres, rapportées par la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. C’est à lui que reviendra le droit de promulguer la loi ou de demander une seconde délibération au Parlement.
La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard (LR), a affirmé que le texte serait « de toute façon promulgué », estimant qu’il serait « extrêmement périlleux » d’organiser une seconde délibération. D’autres ont demandé une saisine de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), comme le patron du parti présidentiel Renaissance, Gabriel Attal, soutenu par la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. Le gouvernement s’est dit « disponible » pour un débat au Parlement.
Le sénateur Laurent Duplomb (Les Républicains) a, quant à lui, dénoncé ces derniers jours « l’instrumentalisation par l’extrême gauche et les écologistes » de cette pétition.