Depuis qu’elle occupe le ministère de l’Agriculture, Annie Genevard ne ménage pas ses efforts pour tenter de convaincre d’autres États membres de s’opposer à l’accord avec le Mercosur. Dans cette entreprise, l’Italie était une cible de choix, mais les vents venus de la botte semblent désormais défavorables.

Questionné par un député au Parlement italien le 9 juillet 2025, le ministre de l’Agriculture Francesco Lollobrigida a d’abord réexprimé ses réserves quant à l’accord. « Notre position est claire : un accord commercial entre la Commission et des États tiers devrait être conclu avec des garanties adéquates quant au respect des mêmes normes en vigueur sur le marché de l'Union européenne, en termes de santé, de sécurité alimentaire et environnementale, de sécurité au travail et de droits des travailleurs », a-t-il appuyé.

« D’autres nations importantes — la France, la Pologne, l’Irlande et la Belgique — se sont formellement exprimées et ont adopté des positions critiques beaucoup plus fermes concernant cet accord, notamment en ce qui concerne l’importation de produits agroalimentaires », a-t-il observé, avant d’évoquer la rencontre avec son homologue française. « J’ai discuté de ces points avec la ministre française de l’Agriculture, Annie Genevard, et nous avons partagé nos inquiétudes concernant la conclusion d’un accord dépourvu de clauses protégeant l’équilibre de nos marchés », a-t-il ajouté.

Plus attentif à la Pac

Mais Francesco Lollobrigida a ensuite apporté une précision cruciale. « Contrairement aux autres États que j’ai cités plus tôt, l’Italie n’a pas adopté une position idéologique, mais une approche pragmatique à l’égard du Mercosur », a-t-il nuancé. « Nous sommes conscients des effets positifs potentiels, mais nous pensons qu’il est indispensable d’accompagner sa mise en œuvre de garanties fortes et de ressources suffisantes dans le cadre de la Pac. »

Autrement dit, le pays sera plus attentif sur la réforme de la prochaine Pac et les moyens alloués, voire sur un mécanisme de compensation, que sur l’épilogue de l’accord commercial avec le Mercosur.

Une clarification à analyser au regard de la déclaration de son collègue aux Affaires étrangères, Antonio Tajani, devant la même assemblée. « Je tiens à rassurer les honorables députés sur le fait que la position du gouvernement est sans équivoque », appuie-t-il. « Nous sommes conscients de la grande importance politique et économique de l'accord de partenariat entre l'Union européenne et le Mercosur. »