La Commission européenne devrait très prochainement dévoiler le processus de ratification de l’accord commercial avec le Mercosur. Chose quasi certaine, le texte devrait être scindé en deux pour éviter de devoir atteindre l’unanimité des États membres sur l’ensemble de l’accord et se contenter d’une majorité qualifiée pour son volet commercial. Pour contrecarrer les plans de la Commission, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, tente depuis plusieurs mois de convaincre d’autres pays pour bâtir une minorité de blocage fixée à quatre pays et 35 % au minimum de la population européenne.

Dans cette partie diplomatique incertaine, l’Italie est clairement dans le viseur de la ministre. En déplacement dans la botte vendredi 27 juin 2025, Annie Genevard a assuré dans un communiqué qu’elle et le ministre de l’Agriculture italien, Francesco Lollobrigida, « expriment les mêmes inquiétudes sur l’impact de l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur ». Pour les deux ministres, « l’entrée en vigueur de l’accord […], tel qu’il a été négocié à Montevideo », serait préjudiciable à la production agricole et à la souveraineté alimentaire européennes.

Les deux ministres regrettent notamment l’absence de « mesures de protection effectives à même d’assurer la préservation d’un équilibre de marché garantissant un revenu adéquat pour nos producteurs ». La thématique des mesures de sauvegarde à ajouter dans l’accord, comme l’a suggéré le président de la République, Emmanuel Macron, a aussi été évoquée.

« Ces mesures devront en outre éviter que les produits importés entraînent une concurrence exacerbée dans le marché européen, tout en fournissant des garanties suffisantes sur le respect des standards sanitaires, environnementaux et sociaux. » Un vœu sans doute pieux tant la Commission européenne a rappelé que les négociations ne seraient pas réouvertes avec le Mercosur.

La Pac, l’autre sujet de concorde

Les deux ministres ont aussi glissé un avis commun sur la politique agricole commune et sa prochaine réforme et en particulier son budget. « Il est fondamental que la future Pac soit dotée d’un budget dédié, dont l’ambition et les moyens soient à la hauteur des besoins et des enjeux », selon eux.

L’inquiétude de voir le deuxième pilier fusionner avec celui de la cohésion dans un « fonds national » ne les convainc pas. « Nous rappelons notre attachement partagé à la structure de la Pac fondée sur deux piliers, qui permet de combiner de façon cohérente le soutien au revenu des agriculteurs et une stabilisation des marchés », ont-ils appuyé.