« Cela peut se comprendre qu’on ne veuille pas se retrouver en concurrence avec des produits importés moins disants au niveau des normes environnementales et sanitaires, estime Vincent Chatellier, ingénieur de recherche en économie à l'Inrae. Mais au plan économique, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur devrait avoir des impacts plus modestes que ce que certaines expressions actuelles le laissent entendre. »
Des « bénéfices escomptés dans les autres secteurs de l’économie »
« Compte tenu des contingents arrêtés, il est très exagéré de dire que cet accord signifie, par exemple, la mort de l’élevage dans l’Union européenne ou en France, poursuit-il. Au niveau des produits agricoles et agroalimentaires, cet accord ne sera pas gagnant pour l’Union européenne car nous importons nettement plus de ces pays, pour 23,6 milliards d’euros, que nous exportons vers eux (3,2 milliards d’euros). La volonté européenne de le signer tient essentiellement aux bénéfices escomptés dans les autres secteurs de l’économie, l’industrie et les services. »
« N’oublions pas dans ce débat complexe que l’Union européenne à 27 est la plus grande zone exportatrice de produits animaux au monde (65 milliards d’euros en 2023). En tant qu’importateur de produits animaux, nous ne sommes qu’au cinquième rang mondial (pour 15 milliards d’euros), loin derrière la Chine, les États-Unis et le Japon. Avec l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur, la filière qui pourrait être la plus pénalisée est celle de la viande bovine, car les Sud-Américains pourraient orienter leurs exportations vers des produits à forte valeur ajoutée (les aloyaux). »
Des contingents qui s’ajoutent aux importations existantes
« Dans les filières laitières et porcines, l’accord ne présente, en revanche, pas de risques pour les producteurs européens, assure Vincent Chatellier. En volailles, le contingent offert ne représente que 1,5 % de la consommation intérieure, mais ces volumes s’ajoutent aux importations en hausse provenant de l’Ukraine. Les importations de l’Union européenne depuis le Mercosur concernent d’abord les oléagineux et surtout le soja (11 milliards d’euros), puis le café et le cacao (3,9 milliards d’euros). Les importations de viande bovine (1,3 milliard d’euros) et de viande de volailles (0,6 milliard d’euros) sont moins conséquentes. »