Le président du Paraguay, Santiago Peña, qui a pris la tête de la présidence tournante du Mercosur en janvier, a déclaré que l’accord avec l’Union européenne n’aurait certainement pas lieu en 2024. « Je suis sûr que ça n'arrivera pas cette année. Je pense que nous devons être très honnêtes avec nous-mêmes », a-t-il déclaré lors d’une visite en Espagne le 29 février 2024  auprès d’Europa Press.

Pour le chef d’État, « les conditions ne sont pas réunies du côté de l’Union européenne ». Les manifestations des agriculteurs un peu partout sur le Vieux Continent ou les demandes répétées de la France ou de l’Irlande pour des « clauses miroirs » n’ont pas permis de concrétiser les dernières avancées pour une signature, selon lui. À cela, il faut ajouter les prochaines élections européennes et le changement de Commission.

« Impossible de concurrencer le Mercosur »

Le président Peña entend les craintes des agriculteurs européens dans un contexte où il estime que « concurrencer les agriculteurs du Mercosur est impossible ». Il n’enterre toutefois pas un accord et pense que « c'est dans l'intérêt des consommateurs de l'Union européenne, mais cela nécessitera également un effort politique pour compenser d'une manière ou d'une autre ». Entendu selon lui, il faudra que l’Union européenne apporte une réponse financière aux agriculteurs affectés. Mais du côté du Mercosur, il a assuré que les pays membres étaient « plus que prêts à avancer » et que si l’Europe n’en faisait pas autant, des accords seraient mis en place avec d’autres pays d’Asie et du Moyen-Orient notamment.

La Chine en embuscade

Le voisin uruguayen n’est guère plus optimiste et c’est par la voix de son ancien président, le charismatique José « Pepe » Mijuca, que le désarroi s’est exprimé. « Cela ne va pas bien et rien de bon ne sortira. Nous avons perdu 22 ans », s’est-il lamenté. Plusieurs analystes soulignent qu’un échec de l’accord ne serait toutefois pas perdu pour tout le monde à commencer par la Chine.

L’actuel président de l’Uruguay, Luis Alberto Lacalle Pou, l’a d’ailleurs confirmé au cours d’un discours face aux parlementaires de son pays, non sans mettre en lumière quelques distensions au sein du bloc sud-américain. « Je ne dis rien de nouveau si je vous dis que le Brésil et l'Argentine sont restés bloqués mais ils sont dans leur droit. D'une certaine manière, ils nous empêchent d'avancer dans des accords bilatéraux, par exemple avec la Chine », a-t-il lancé.