Réunis à Strasbourg le 29 février 2024, les parlementaires européens devaient statuer définitivement sur les accords de libre-échange avec le Chili. Par 376 voix pour, contre 114 contre et 56 abstentions, le volet commercial du texte a été approuvé et pourra être ratifié. Un volet commercial séparé car cet accord a été scindé en deux par la Commission européenne, évitant ainsi le vote des députés dans chaque État membre.
Une communication prudente
Dans un climat de forte défiance sur les accords commerciaux, le Parlement européen s’est réjoui de cette avancée, tout en restant prudent dans sa communication. Alors qu’il célèbre la libéralisation du marché chilien à l’Europe, « 99,9 % des exportations de l’Union européenne seront exemptées de droits de douane d’un côté », il met aussi en avant que « les produits agricoles les plus sensibles sont exemptés de la libéralisation totale. Il s’agit notamment de la viande, de certains fruits et légumes et de l’huile d’olive. »
L’Union européenne va bien ouvrir ses portes à ces produits mais dans des portions limitées par des contingents. Une libéralisation partielle donc, avec une hausse des volumes à taux réduits de 2 000 tonnes en viande bovine, 4 000 tonnes en viande ovine et pas moins de 38 000 tonnes en volailles. En fruits, la pomme ou le kiwi pourront même désormais entrer sans droits de douane.
Des filières viandes remontées
Dans un communiqué publié le lendemain, le président de la Fédération nationale bovine (FNB), Patrick Bénézit, a vivement réagi : « Avec cette décision, les institutions européennes font fi de la révolte qui gronde partout en Europe ! Une fois de plus, les actes ne sont pas conformes aux discours. Espérons qu’il en sera différemment concernant les engagements promis par les responsables politiques, au niveau français et européens ! » a-t-il pesté.
Patrick Bénézit a notamment regretté l’absence de clauses miroirs que la filière appelle de ses vœux. « Ainsi, comme pour les autres partenaires commerciaux, les exportations chiliennes à destination du marché européen ne seront pas contraintes au respect des mêmes conditions de production que celles qui s’imposent aux producteurs européens et français ! » a-t-il prévenu.
Le président d’Interbev, l’interprofession des viandes, a lui pointé directement les récentes prises de position au sommet de l’État. « Alors que le président de la République affirmait encore il y a quelques jours qu’il n’y aurait plus aucun accord de libre-échange sans clauses miroirs, ce vote résonne comme une véritable trahison pour la filière élevage et viande française, quand on sait que plus de 30 % de la viande consommée en France est déjà importée ! » a-t-il fustigé.
Le Kenya aussi
S’il est moins visé par les filières agricoles françaises, l’accord de libre-échange avec le Kenya a lui aussi été voté durant la même session du Parlement européen. Cet accord concernera notamment l’entrée de fleurs en Europe, l’un des produits phare du pays Est-Africain, mais aussi des haricots verts.