Finie, la vie de château ! Les étudiants d’AgroParisTech feront leur rentrée universitaire sur le plateau de Saclay en 2021. L’État, propriétaire du domaine de Grignon, où des générations de futurs ingénieurs se sont succédé, compte sur sa vente pour financer une partie de la construction du tout nouveau campus de Palaiseau, qui devrait démarrer en 2019 (1). Réunissant l’Inra et AgroParisTech, il accueillera 3 500 personnes.
La ferme épargnée
« Le ministre nous a assuré que la ferme expérimentale (270 ha à l’extérieur du site, NDLR) serait épargnée. Elle reste dans le giron d’AgroParisTech, affirme Gilles Trystram », le directeur de l’école. L’appel à projets, lancé par le ministère de l’Agriculture, concerne le domaine intra-muros de 291 hectares. « Je souhaite que les 129 ha de terres agricoles situées à l’intérieur, ainsi que la partie forêt protégée incluant les sites géologiques, soient aussi conservés », poursuit-il. Le ministère doit trancher courant 2019.
En 2015, le Paris-Saint-Germain s’était montré intéressé pour acquérir une partie du site. France domaine (2) estimait alors sa valeur à quelque 34 millions d’euros. Le club de football avait finalement reculé. Une pétition avait recueilli 27 000 signatures d’opposants au projet. « L’État regardera la crédibilité des porteurs de projets, mais la commune dispose des compétences d’urbanisme pour l’autoriser. Aujourd’hui, dans le PLU, le domaine de Grignon est encore dédié aux activités d’AgroParisTech », explique Rémi Lucet, maire de Thiverval-Grignon. En effet, 50 % de la surface du village est concernée par les activités de l’école. L’élu mise sur cette carte pour empêcher les projets à vocation d’habitation. « Ce qui compte pour les vingt-sept communes de Cœur d’Yvelines, c’est la continuité territoriale. Que le porteur de projet soit public ou privé importe peu, du moment qu’elle est assurée », poursuit-il.
Particulièrement mobilisés, les anciens élèves souhaitent que la vocation agricole et environnementale du site soit consacrée. Certains rêvent d’une gouvernance multiple, avec à sa tête un établissement public permettant de donner au site une vocation de recherche, d’ouverture et d’échanges quand d’autres, plus pragmatiques, sont à la recherche de projets privés permettant un retour sur investissement. Le domaine implique un budget d’entretien annuel autour de 1,5 M€ a minima. Quelques bâtiments « hors d’eau » nécessitent des travaux importants pour être rouverts au public.
(1) La cession des quatre sites franciliens est en cours (rue Claude-Bernard et avenue du Maine à Paris, Grignon, dans les Yvelines, et Massy, dans l’Essonne).
(2) Organisme qui s’occupe des cessions immobilières des biens appartenant à l’État.