Les Québécois l’appellent la saison des couleurs. Chaque automne, les arbres se parent de rouge, de jaune et d’orange, après qu’une première gelée a bloqué la sève. Le spectacle se révèle particulièrement grandiose au bord de l’eau. Aux portes de Montréal, le parc de la Rivière-des-Mille-Îles de Laval loue des kayaks pour pagayer entre les rives flamboyantes. Si les fans de Céline Dion s’amusent à repérer l’ancien manoir de la chanteuse sur l’île Gagnon, les amateurs de nature contemplent les huttes constituées par les castors, à base de branches et de terre.

Observer les ours noirs

La fourrure de ces rongeurs, acheminée en Europe pour fabriquer des chapeaux, fit la fortune de l’ancienne Nouvelle-France. Pierre fait revivre l’époque des trappeurs à la Pourvoirie du Lac Blanc, terme québécois désignant un établissement en pleine nature à Saint-Alexis-des-Monts. « Ils les chassaient ou ils se procuraient les peaux auprès des Amérindiens contre des couvertures, des chaudrons en cuivre ou des fusils de Tulle et de Saint-Étienne », raconte le guide-trappeur à bord d’un rabaska, le canot traditionnel en écorce de bouleau. Les cimes aux teintes multicolores se reflètent dans le lac sous un ciel parfaitement bleu.

Pierre invite ensuite ses convives à mettre pied à terre pour observer les ours noirs dans la forêt, au coucher du soleil.

Ce dégradé automnal se contemple aussi vu du ciel, en hydravion. Le coucou décolle de Saint-Étienne-du-Grès pour un vol d’une vingtaine de minutes, au fil d’un affluent du fleuve Saint-Laurent. Les feuilles des érables à sucre affichent le même rouge vif que sur le drapeau canadien. À Rigaud, en Montérégie, le grenier du Québec, la Sucrerie de la montagne offre une pause gourmande au milieu d’une érablière centenaire. La récolte du sirop d’érable a lieu au printemps. « Mais l’automne reste pour moi la plus belle des quatre saisons, où la nature semble se reposer des excès de l’été avant d’affronter les rigueurs de l’hiver », philosophe le maître des lieux, Pierre Faucher, barbe blanche et chemise à carreaux, au coin de feu. 

Mathilde Giard