Au cours d’une conférence de presse à Paris ce lundi 3 février 2020, Antoine Hacard, président de La Coopération Agricole métiers du grain, a indiqué que les défis à relever étaient multiples. Le premier enjeu est d’accompagner les coopératives dans la mise en œuvre de la nouvelle réglementation sur la séparation du conseil et de la vente.
En attente des décrets d’application
« Même si l’ordonnance a été promulguée, nous sommes en attente des derniers décrets d’application, qu’on ne nous promet pas avant le mois de mai, a-t-il expliqué. Aujourd’hui, on nous dit : “Vous devrez être en ordre de marche pour le 1er janvier 2021.” Mais compte tenu des adaptations que nous avons à mener dans nos entreprises coopératives, c’est complètement déraisonnable d’imaginer que nos managers vont être capables de mettre en adéquation nos entreprises en cinq mois. Donc, nous respecterons la loi mais nous avons besoin de délai. Au minimum de 6 mois. L’idéal ce serait d’un an, à partir du 1er janvier 2021. »
Toutefois, rien ne semble bouger. « On nous indique seulement qu’on pourrait avoir des premiers contrôles sur la mise en place de cette séparation plus tolérants sur les dysfonctionnements, ajoute La Coopération Agricole métiers du grain. Mais nous ne pouvons pas nous mettre dans un tel degré de risque juridique. »
Une majorité s’orientera probablement vers la vente
« Les organisations coopératives vont devoir faire un choix entre vente d’un produit phytosanitaire ou conseil et la majorité des coopératives optera probablement pour l’option de la vente d’un produit phytosanitaire. Les raisons de ce choix, c’est qu’on a la responsabilité de collaborateurs qui travaillent dans l’entreprise, que nos adhérents ne nous demandent pas de cesser cette activité-là, et qu’elle est plus contributrice de résultats que la collecte de céréales. Toutefois, le législateur a pris les précautions nécessaires pour qu’on ne puisse pas contourner la loi en interdisant aux filiales de faire un choix différent de leur maison mère », fait savoir Antoine Hacard.
Ce n’est pas la fin de notre activité de conseil
« Quel que soit le choix de nos adhérents, ce n’est évidemment pas la fin de la présence des coopératives dans le conseil et bien au contraire, nous allons continuer à investir fortement dans cette activité », considère le nouveau président de La Coopération Agricole métiers du grain. On résume souvent ça par « la séparation de la vente d’un produit phytosanitaire et de leur conseil d’utilisation ».
Mais les coopératives vont pouvoir continuer à intervenir sur les conseils agronomiques, sur la délivrance de bibliographie à leurs adhérents, sur de l’observation au champ, sur des activités connexes comme la méthanisation, la mise en place de cultures pérennes, sur l’approche globale de l’exploitation, sur la génétique, sur la fertilisation… D’ailleurs, le conseil de préconisation d’un produit phytosanitaire ne représente probablement qu’une vingtaine de pourcents de notre activité de conseil. »
Prendre en compte les attentes sociétales
« Dans ce contexte plus global de changement de modèle, La Coopération Agricole métiers du grain estime que la recherche de solutions innovantes et le développement de nouvelles technologies joueront un rôle important dans la réponse à apporter aux attentes sociétales et aux défis agroécologiques. Le rôle des coopératives est d’accompagner ces transitions, tout en veillant au pragmatisme économique et à la compétitivité des filières. »
« Nous entendons la demande sociétale et nous nous engageons de façon active dans la diminution des produits phytosanitaires, souligne Antoine Hacard. Nous allons donc armer nos adhérents pour qu’ils préservent des performances économiques de bon niveau. Les missions fondamentales des coopératives sont de valoriser les productions de leurs adhérents, d’accompagner les agriculteurs dans la transition agroécologique et de maintenir un fort dynamisme économique et social dans leurs territoires. À la présidence du pôle des métiers du grain, je souhaite, avec le conseil de section et aux côtés de Dominique Chargé, président de La Coopération Agricole, porter la voix de la coopération et inscrire notre fédération d’entreprises dans une logique d’apporteur de solutions face aux défis que nous devons relever ensemble. »