La domination inébranlable de la Chine sur les marchés des matières premières agricoles du monde a peut-être vécu. C’est en tout cas ce qu’estime le dernier rapport de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) rédigé avec la FAO. Dans cette étude prospective pour les années 2024 à 2033, les rédacteurs notent une Chine moins hégémonique sur la demande agricole au profit d’autres pays.

« Ralentissement de la croissance »

Sur la dernière décennie, la Chine expliquait à elle seule 28 % de l’accroissement de la demande mondiale. Ce chiffre dégringolerait à 11 % pour les dix prochaines années, ce que les chercheurs attribuent au « ralentissement de la croissance du revenu et au déclin démographique » chinois. Le rapport pointe ainsi que le pays « subit les conséquences des efforts engagés par de nombreux pays, à la suite de la pandémie, pour relocaliser et soutenir leur production nationale, et être ainsi moins dépendants des approvisionnements étrangers » au détriment de la croissance chinoise.

Sans changer de continent, la demande devrait donc accélérer par ailleurs. « L’Inde et les pays d’Asie du Sud-Est compteront pour 31 % de ce même accroissement d’ici à 2033, sous l’effet de l’augmentation de leur population urbaine et de l’élévation du niveau de vie », précise le rapport. La croissance de la demande alimentaire sera aussi soutenue par l’Afrique, à hauteur de 18 %, avant tout poussée par la démographie.

Une production ralentie en Europe

Le rapport projette également une augmentation ralentie de la production européenne. La production agricole, halieutique et aquacole devrait progresser de 7 % sur 2024-2033 par rapport à la période de référence de 2021-2023. Cela représente « moins de la moitié de la croissance atteinte ces dix dernières années », soulignent les rédacteurs. Ce qui « reflète un ralentissement significatif en Europe ». Pour expliquer ces estimations, un facteur principal est mis en avant. « Dans le contexte de la guerre en Ukraine, la croissance en Europe de l’Est s’essouffle, passant de 30 % ces dix dernières années à seulement 13 % pendant la période de projection. »

Les analystes soulignent enfin des changements dans les productions animales. « Près de 60 % de la valeur de l’élevage à l’échelle de la région est produite en Europe occidentale, mais ce pourcentage devrait diminuer pour passer à 56 % d’ici à 2033 du fait de la transition à l’œuvre en faveur de la durabilité écologique. » Le déplacement de la production de volaille vers l’est de l’Europe devrait par ailleurs se poursuivre grâce à un phénomène très actuel. « Les excédents de céréales fourragères et les législations environnementales moins strictes renforcent la compétitivité. »