Comment s’est déroulée votre entrevue avec Stéphane Travert ?
Michael Creed : Je souhaitais rencontrer votre nouveau ministre pour partager nos points de vue sur les questions agricoles. Nous avons eu une discussion très productive autour du Brexit mais aussi de la future Pac.
Craignez-vous un Brexit dur ?
Bien sûr. Nous exportons 90 % de notre production agroalimentaire, et le Royaume-Uni représente 40 % de ces expéditions, soit 5 milliards d’euros. C’est notre premier partenaire commercial. Économiquement, nous serions le pays le plus impacté en cas de Brexit dur. Nous faisons de gros efforts pour diversifier nos marchés, en particulier depuis l’an dernier. La valeur de nos exportations de produits agroalimentaires vers les pays tiers a augmenté de 13 % en 2016.
La production laitière irlandaise a progressé de 4 % en 2016. Quels marchés visez-vous ?
Les échanges mondiaux de produits laitiers croissent de 2 à 3 % par an. L’Irlande est déterminée à y prendre part. La valeur de nos exportations de produits laitiers a augmenté de moitié depuis 2010. Notre premier marché reste le Royaume-Uni mais, depuis quelques années, nous développons nos ventes vers la Chine.
La grande partie de notre hausse de production est absorbée par ce pays, dont les achats depuis l’Irlande se sont accrus de 16 % en 2016. C’est un marché intéressant car il porte sur des produits à forte valeur ajoutée, comme la poudre de lait infantile. Des pays du Moyen-Orient et d’Amérique du Nord se montrent également très intéressés. Au vu de ce potentiel, nous réaffirmons notre opposition à toute régulation à caractère obligatoire du marché du lait.
Qu’en est-il du marché de la viande bovine ?
D’ici 2025, la demande mondiale en produits carnés augmentera de 21 % dans les pays en développement. Nous pensons que l’Irlande a un rôle à jouer dans la couverture des besoins alimentaires mondiaux. La vente en catégoriel nous permet de valoriser au mieux chaque morceau de viande parmi nos 180 débouchés.
En mai dernier, nous sommes devenus le premier pays à obtenir l’autorisation de commercialiser notre viande aux États-Unis sous le label « bœuf nourri à l’herbe ». Nous espérons pouvoir bientôt exporter en Chine, mais les démarches sont longues et complexes. En 2016, nous avons, en revanche, réduit nos exportations vers la France par manque de valorisation au regard des autres marchés européens.
La démarche Origin Green est-elle un succès ?
Oui, tout à fait. C’est très important de communiquer sur nos atouts en matière de développement durable. Aujourd’hui, la traçabilité et la qualité sanitaire de la viande sont une évidence. Le consommateur recherche de plus en plus de produits issus d’une agriculture respectueuse de l’environnement. Origin Green nous permet de prouver que nous sommes performants dans ce domaine. C’est également une démarche d’amélioration continue menée par tous les acteurs de la chaîne alimentaire.