Au début de mai, Alexandre Le Béchec, maraîcher bio à Trédarzec (Côtes-d’Armor), est en plein travail dans sa serre de tomates. En société avec son père et son frère, il a pu reconstruire juste à temps pour démarrer la saison. Dans la nuit du 1er au 2 novembre 2023, la tempête Ciaran avait mis à terre sept des onze tunnels de l’exploitation, en plus des 90 hectares de cultures.

Trois serres à monter

« Une serre a été terminée à la fin de mars, le jour où nous recevions les plants de tomates, décrit Alexandre. Quinze jours après, nous avons réceptionné la deuxième juste à temps pour les plantations d’aubergines, et de poivrons. Pour la troisième, avec l’équipe de salariés, nous avons aidé les monteurs à finir pour l’arrivée des plants de melons. »

À la place des tunnels, les trois associés ont préféré reconstruire trois bi-tunnels avec des socles en béton pour « gagner en solidité, mais aussi parce qu’ils sont assurables ». Ils ont rebondi rapidement. « Par chance, nous avions un devis récent pour l’extension des serres. » Les investissements sont conséquents, près de 360 000 euros, avec un prêt à la banque.

Déficit de trésorerie

Les associés devraient bénéficier d’une aide de 150 000 euros pour la reconstruction. « Nous avions déjà planté les tomates lorsque nous avons eu l’accord du dossier. Mais il fallait bien avancer car nous n’avons pas eu de récolte en avril alors qu’en temps normal, nous avons une culture de salades. »

La trésorerie ne sera pas saine cette année, malgré les 20 000 euros d’aide obtenue pour les pertes de récoltes. « Dans notre désarroi, nous avons été bien soutenus », reconnaît Alexandre Le Béchec. À 33 ans, il n’a pas ménagé ses efforts pour repartir en production au plus vite. « C’est du stress jusqu’à la dernière minute », reconnaît le maraîcher, qui a fait deux ulcères cet hiver.

Quelques fermes ont arrêté

En Bretagne, la majorité des serres et tunnels sont reconstruits et/ou rebâchés. Certains travaux seront finalisés après la saison. Quelques fermes ont arrêté par choix. « Les productions printanières ne sont pas là et les trésoreries se creusent », constate Jonathan Chabert, référent en tempêtes de la Confédération paysanne.

« La règle de minimis pénalise des jeunes producteurs qui ont bénéficié d’aides sur les trois dernières années, poursuit-il. Aucune leçon n’a été tirée des tempêtes de 2021 et 2022. Quatre mois pour ouvrir les guichets d’aides, c’est trop long ! L’assurance récolte n’est pas adaptée aux maraîchers. Au sortir de l’hiver, alors que la saison démarre, les exploitants sont épuisés. »