« Sans le dispositif mis en place par la Safer et la Région, puis le portage bancaire, je ne serai sûrement pas éleveur laitier aujourd’hui », estime Florian Le Talour, 29 ans, producteur à Grand-Champ (Morbihan). Il s’est installé en mars 2023 en reprenant le site de Kermoch comprenant une stabulation récente et 60 ha de terres. Il s’est associé avec son frère et sa mère déjà en Gaec.

La reprise a permis de restructurer l’élevage en rapatriant toutes les vaches sur le nouveau site, alors que les bâtiments du Gaec situés à 2,5 km étaient vieillissants et enclavés dans un village, sans possibilité d’agrandissement et d’accès au pâturage.

Préserver l’usage agricole du foncier

Sur le papier, le montage paraît simple. Et pourtant il n’a été rendu possible que grâce à au partenariat entre la Safer et de la Région en faveur de la préservation et de l’orientation de l’usage du foncier agricole. Les acquisitions du bâtiment et des terres par la Safer se sont faites en trois temps. Ayant écho de la cessation d’activité des exploitants à Kermoch, dès 2020, la Safer a profité d’une opportunité pour racheter 15 ha près du site. L’année suivante, elle rachète les 45 ha de terres propriété des cédants et enfin, en 2022, la stabulation laitière.

Acquisition en trois temps

« C’est une occasion assez rare. Nous avons saisi l’opportunité de maintenir ce site laitier récent et d’assurer l’installation d’un jeune. C’est le but du partenariat », explique Thierry Guého, technicien foncier de la Safer Bretagne. Situé à proximité du golfe du Morbihan, le site risquait de finir en hivernage de caravanes. L’opération a représenté un coût total de 500 000 €.

Durant les trois ans nécessaires aux acquisitions, c’est la Région qui a pris en charge les intérêts bancaires. « Sans la convention avec la Région, nous ne pourrions pas assumer le poids du portage en attendant de trouver un candidat », assure Thierry Guého. Pendant cette période, les terres ont été travaillées par les jeunes agriculteurs du secteur et la vente des récoltes a été donnée à des œuvres caritatives.

490 000 € d’investissement

Dès le départ, le projet de la Safer était d’acheter pour rétrocéder à un jeune. Un appel à candidatures a été publié. Sur quatre dossiers, un seul concernait un jeune pour l’installation. Florian a racheté le bâtiment (170 000 €) et 30 ha de foncier (200 000 €) via un groupement foncier agricole (GFA) avec son frère et sa mère. Les 30 ha restants sont restés propriété de la Safer qui les met à disposition dans le cadre d’une convention d’occupation précaire en attendant que le jeune éleveur puisse les racheter (lire l'encadré). Il a fait des travaux (terrassement, racleur, électricité…) pour un montant de 120 000 € « sans ce dispositif, je n’aurai pas pu tout financer », assure Florian.

Aujourd’hui, le Gaec compte 140 vaches et 188 ha, dont 60 ha accessibles pour les vaches, et les conditions de travail sont améliorées.