Les aides actuelles et les offres d’accompagnement à l’installation sont-elles adaptées aux enjeux du renouvellement des générations ?
Plus d’une cinquantaine de structures sans compter leurs déclinaisons locales sont impliquées dans le soutien de l’installation : outre les services de l’État et les OPA (organisations professionnelles agricoles), des coopératives et des opérateurs des filières de production, toutes les collectivités territoriales, des associations de l’agriculture paysanne, ainsi que de nombreuses « start-up ».
La SAS « Fermes en vie » achète ainsi des exploitations dites intransmissibles en vue de les découper et de les revendre quand la « Ceinture verte » créé des exploitations maraîchères « clefs en main ». Les perceptions des enjeux de l’installation varient selon ces organisations : maintien des volumes nécessaire à la pérennité des outils de transformation, modernisation de l’agriculture, relocalisation de l’alimentation, renforcement des pratiques agroécologiques, etc.
Qu’en est-il de l’action publique et de ses évolutions ?
Le désengagement politique progressif de l’État, l’affaiblissement des opérateurs historiques (OPA et JA) lié notamment à la méconnaissance des nouveaux profils des candidats à l’installation (HCF, Nima (2)), ainsi que la régionalisation des soutiens sont à la fois causes et conséquences de la réorganisation de l’action publique.
L’année 2023 constitue par ailleurs pour la DJA un tournant décisif avec la suppression du cadre national (modulations et montants) et une réduction du taux de cofinancement européen (de 80 % jusqu’en 2020 puis à 43-57 % selon les régions).
La multiplication des acteurs se préoccupant d’installation est-elle un gage d’efficacité ?
21 000 personnes en moyenne se présentent chaque année dans les points accueil installation. Parmi les candidats figurent de plus en plus d’urbains en reconversion professionnelle, éloignés des réalités de l’agriculture. Sur les 13 000 installations qui se concrétisent, 5 000 seulement bénéficient d’une DJA.
La grande diversité des candidats (profil, âge, sexe, envergure du projet économique, formation, expérience, activité envisagée) ainsi que l’aspect multidimensionnel de l’installation (accès aux moyens de production et au foncier, formation, débouchés, financement…) rend difficile et nécessairement pluriel l’accompagnement à l’installation.
Une coordination ainsi que la construction de partenariats entre les OPA et les nouveaux acteurs est indispensable pour gagner en efficacité. Reste à savoir comment pourront travailler ensemble des acteurs aux formes, convictions et aspirations si différentes dans un contexte qui se veut de plus en plus concurrentiel.
(1) Thèse de doctorat réalisée entre 2019 et 2023 avec le soutien financier des Jeunes agriculteurs et du Conseil de l’agriculture française, sous la direction de François Purseigle
(2) HCF : Hors cadre familial ; Nima : non issu du milieu agricole