Loin du petit prototype exposé dans un coin de stand lors des précédentes éditions d’Agritechnica, le tracteur électrique ou hybride gagne ses lettres de noblesse cette année. Même si le coût des batteries reste un frein à sa diffusion à grande échelle. Selon la DLG (société des agriculteurs allemands), à puissance égale, un tracteur électrique est deux fois plus cher que son équivalent thermique. Néanmoins, plusieurs constructeurs misent sur une baisse du prix des batteries ou même une rupture technologique, pour imposer la solution électrique.

Un tracteur de 130 ch chez John Deere

Le leader mondial du marché du tracteur se met à l’électrique. Alors qu’il teste différents prototypes, du pack de batteries sous le capot jusqu’au cordon d’alimentation, depuis une dizaine d’années, John Deere présente une solution 100 % électrique proche de la présérie. Déjà dévoilé aux États-Unis en version vigne, ce tracteur se rapproche de l’agricole avec une cabine plus grande et des essieux plus larges.

Ce modèle est doté de série de 2 batteries, mais cette quantité peut grimper à 5 pour gagner en autonomie. Un moteur électrique se charge de l’avancement. Deux moteurs électriques sont dédiés à l’hydraulique et un autre à la prise de force. Tous les moteurs sont prévus pour également récupérer de l’énergie lorsqu’ils ne sont plus sollicités.

Le e-Power de John Deere. (© P. Denis)

La version présentée à Agritechnica est équipée d’un cadre capable d’accueillir un chargeur de 6M. À l’intérieur de la cabine, seule la présence des deux pédales (une pour avancer et une pour freiner) indique le fait qu’il soit électrique, le reste s’utilise comme un tracteur thermique classique. John Deere positionne son E-Power entre la série 5M et 6M.

Deux solutions allemandes

Les start-up allemandes poursuivent leur développement de leurs tracteurs électriques, avec des solutions à batteries. Onox a conçu un tracteur « sans capot » utilisant trois moteurs électriques : un de 50 kW pour l’entraînement des roues et deux éléments de 35 kW pour la prise de force avant et la prise de force arrière.

Onox se distingue avec une tension de 48 V. (© C. Le Gall/GFA)

En plus de la batterie intégrée de 20 kWh, des batteries de secours de 30 kWh peuvent être attelées sur les relevages avant ou arrière, ou même entre les deux essieux sur la version portique. La tension est relativement faible, avec 48 V, ce qui permet à Onox de rester sous la limite réglementaire des 60 V pour les véhicules électriques.

De son côté, Tadus revient avec une présérie de son tracteur électrique présenté sous forme de prototype lors d’Agritechnica 2023. Cette fois, il atteint 160 ch en puissance maximale. Le T 16.20 embarque cinq moteurs électriques : un pour chaque essieu, un pour chaque prise de force et le dernier pour la pompe hydraulique des asservissements. Une batterie centrale lithium-Ion de 196 kWh alimente l’ensemble.

Un tracteur de 160 ch chez l'Allemand Tadus. (© C. Le Gall/GFA)

Les chinois à l’avant-garde

Comme dans l’automobile, les constructeurs chinois veulent conquérir le marché du tracteur électrique. Le mieux placé dans cette course à l’énergie alternative est ZSHX Advanced Tractors avec son Xeevo E904i, conçu pour le marché européen. Ce constructeur a attiré de nombreux visiteurs et concurrents sur son stand avec sa promesse d’un tracteur de 90 ch à moins de 100 000 euros.

Le chinois Xeevo présente un tracteur à moins de 100 000 euros. (© C. Le Gall/ GFA)

Le Xeevo est animé par deux moteurs électriques montés côte à côte. Le premier assure l’entraînement des essieux tandis que le second alimente la prise de force arrière et les pompes hydrauliques. La batterie de 105 kWh est installée sous le capot. ZSHX annonce une capacité de charge de 115 kW, ce qui autorise une recharge rapide en une heure.

Des prototypes hybrides

Face au 100 % électrique, certains tractoristes jouent plutôt la carte de l’hybride. Toujours du côté de l’empire du Milieu, Zoomlion veut se positionner sur la très forte puissance avec un tracteur hybride de 350 ch. Le DV 3504 combine un moteur thermique avec une génératrice capable d’alimenter des moteurs électriques.

Le tracteur hybride de 350 ch chez Zoomlion. (© C. Le Gall/GFA)

De son côté, le contructeur ndien Tafe arrive avec un autre concept de tracteur hybride, le EVX 75 de 100 ch. Cette puissance est obtenue en combinant un moteur thermique de 75 ch, deux moteurs électriques et une batterie de 25 kWh.

Tafe propose un prototype de 100 ch avec un moteur thermique de 75 ch et une batterie. (© C. Le Gall/GFA)

Aux côtés de tous ces tracteurs, les fabricants de robots travaillent aussi au développement de solutions électriques.

Paul Denis et Corinne Le Gall