Au milieu de la cour de l’exploitation, seul un drapeau aux couleurs de la province du Brabant-Septentrional rappelle les Pays-Bas. Tom Van Der Biezen, 25 ans, a choisi de s’installer en France en reprenant une exploitation laitière il y a deux ans. Fils d’éleveur laitier, il n’a pas souhaité poursuivre sur la ferme familiale.

« Aux Pays-Bas, les réglementations environnementales ne permettent plus de produire du lait et surenchérissent les coûts de production. Le prix du foncier, de l’ordre de 80 000 à 120 000 €/ha, est inaccessible », argumente Tom. Il a découvert la France en 2016 lors d’un stage dans le Calvados lors de ses études agricoles. Il y est revenu trois ans de suite comme salarié dans des élevages laitiers appartenant à des Néerlandais installés dans l’Hexagone.

Stabulation sur caillebotis

« Ces expériences m’ont permis d’apprendre le français et m’ont conforté dans l’idée de m’installer en France », affirme le jeune homme. Les visites de fermes, via des intermédiaires immobiliers, ne correspondaient pas à ces attentes. Il faut dire que Tom avait une idée très précise de l’exploitation recherchée : « Une référence de 500 000 à 800 000 litres de lait, une surface de 50 à 80 ha en système herbager avec une stabulation sur caillebotis. »

Tom se tourne alors vers le répertoire départ installation (RDI). Un élevage à Plouisy, dans les Côtes-d’Armor, coche « presque » toutes les cases. C'est celui d’un couple de Néerlandais, Jeltje et Gerben Algera, venus en Bretagne dans les années quatre-vingt-dix.

Une surprise ? Pas vraiment. « Le système de bâtiment sur fosse est très développé aux Pays-Bas, la probabilité qu’il s’agisse de Néerlandais établis en France était donc importante », explique Tom pour qui le dispositif permet de gagner en efficacité avec peu de raclage et moins de lisier à épandre.

La stabulation des vaches est sur fosse avec caillebotis. (© Isabelle Lejas)

Seul le parcellaire le freine car la surface accessible aux vaches est limitée à 4,5 hectares, même si les parcelles restent proches du siège d’exploitation pour une bonne gestion de l’herbe. Tom est réaliste, la ferme idéale n’existe pas. Parmi les critères pour faire son choix, « les très bons résultats techniques et économiques ont fait la différence », dit-il en bon gestionnaire.

Tom s’est installé en février 2022 sans la DJA (dotation aux jeunes agriculteurs). « J’ai commencé un parcours à l’installation, mais mon diplôme n’a pas été reconnu. Il aurait fallu que je finance un dossier de validation des acquis de l’expérience (VAE). C’était beaucoup de frais et de papiers. »

Rationaliser le temps de travail

« L’objectif des cédants était de pouvoir transmettre la ferme pour qu’elle perdure. Nous avons créé une relation de confiance pour tenir compte des impératifs de chacun », reconnaît Tom. Il a repris les bâtiments, le cheptel, une partie du matériel, 14 hectares de terres et la maison. L’éleveur a investi dans des matelas à eau pour les logettes (9 500 €) et il a acheté un robot de nettoyage des caillebotis d’occasion (10 000 €).

Tom a aussi refait un silo pour la récolte d’ensilage. Très bricoleur, il est en train d’équiper la salle de traite de compteurs à lait d’occasion pour la passer de 2x6 en 2x8, ce qui permettra de limiter la durée de la traite à 1h30. Les tracteurs et le matériel de récolte de l’herbe viennent des Pays-Bas. Il a aussi rapporté des logettes de la stabulation de ses parents qui ont arrêté le lait.

Très bricoleur, Tom Van Der Biezen porte une attention particulière à l’entretien de son matériel. (© Isabelle Lejas)

Sur la ferme de Kerivoalan, tout est rationalisé pour gagner du temps car la main-d’œuvre est passée de 2,5 UTH à un seul UTH. L’enrubannage a ainsi été remplacé par de l’ensilage. Tom fait appel à l’ETA pour les travaux de labour, d’épandage, d’ensilage, de curage ou encore d’entretien des talus…

Pour le jeune éleveur, les investissements doivent être rentables, les dépenses sont calculées au plus juste et les services extérieurs ont été limités au strict nécessaire (pointage pour le plan d’accouplement). Son objectif pour 2024 est de construire un nouveau bâtiment sur fosse pour les vaches taries, les génisses et les veaux (à partir de quatre mois) qui sont actuellement sur aire paillée.