Chez Philippe Clec’h, éleveur à Carnoët dans le Finistère, les deux poulaillers de 1 000 m² sont vides. « Je devais recevoir des lots de poulets le 4 avril mais avec la découverte d’un foyer de grippe aviaire le 1er avril 2022 à Plounévézel dans un élevage de canards tout est stoppé », rapporte le producteur. Son exploitation est située dans le rayon des 10 km mis sous surveillance. Sept autres éleveurs de son groupement (Yer Breizh, ex-Doux) sont concernés, et représentant 16 000 m² au total. Sans compter les aviculteurs des autres groupements.
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« Tout était prêt ! »
« Je vais quasiment avoir 7 semaines de vide sanitaire entre deux lots. Je perds un lot », calcule-t-il. Et même si, comme il l’espère, il redémarre avec un lot de poulets au début de mai, il n’aura pas de paiement avant le 15 juillet 2022, un mois après la sortie des animaux. Or les factures et les prélèvements continuent de tomber : assurances, gaz, mais aussi, semences et fuel pour les semis de maïs. Les cuves de gaz sont pleines, soit 2 tonnes dont le prix est monté à 700 €/t. L’aliment est dans le silo pour le démarrage des poussins.
« Tout était prêt ! se désole Philippe. Quand on est habitué à avoir des animaux, à passer les voir trois fois par jour et qu’on suit son élevage avec passion, c’est le grand vide ! Je suis solidaire avec les éleveurs qui ont dû abattre leurs volailles. »
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« Nous voulons redémarrer nos bâtiments »
L’éleveur réclame une indemnisation pour ce manque à gagner. Il ne décolère pas : « À l’instar des restaurants qui ont été mis à l’arrêt pendant le Covid-19, les éleveurs doivent pouvoir bénéficier des aides de l’État. » Il n’est pas optimiste à ce sujet.
« Il faudra attendre des mois, remplir un formulaire, avoir recours au centre de gestion pour un dossier qui sera vu au cas par cas, pour finir par un crédit d’impôt de quelques centaines d’euros », s’agace Philippe. « On entend qu’il va y avoir des pénuries, poursuit-il. Nous, ce que l’on demande c’est que l’on nous mette de la volaille dans les bâtiments. D’autant plus que la demande est là avec le conflit russo-ukrainien. D’ici là, le panier de la ménagère risque de trinquer. »
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