La dynamique pour la nouvelle assurance récolte est positive, « mais pour autant, on sent qu’il y a encore besoin de communiquer beaucoup », a assuré Nadia Roignant, directrice du marché agricole de Groupama, lors d’une table ronde au Salon international de l’Agriculture le 27 février 2023. Le groupe enregistre une multiplication par cinq du nombre de nouveaux contrats.
Mieux communiquer
« Il a une appétence », confirme Sylvie Le Dilly, agricultrice et présidente de la caisse Centre Manche qui constate la même dynamique de souscription sur sa caisse. La réforme articulant assurance récolte et fonds de solidarité national « a permis de stabiliser le dispositif » mis en danger par la recrudescence des aléas climatique, estime Mylène Testud, de la direction générale de la performance économique (DGPE). 2023 est une année de transition, tous les éléments ne sont pas complètement mis en œuvre. »
« Certains agriculteurs sont encore loin du sujet, il faut encore informer pour expliquer que le fonds des calamités est fini tel qu’on le connaît et qu’il faut s’assurer pour bénéficier du fonds de solidarité au mieux », analyse Nadia Roignant. Un besoin de « pédagogie » confirmé par David Ailhaud, arboriculteur en Provence-Alpes-Côte d’Azur et membre du bureau de JA.
Jusqu’au 10 mars pour souscrire en arboriculture
Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA, a fait part de remontées du terrain venant d’arboriculteurs, s’inquiétant « de coûts relativement élevés » et qui hésitent à s’assurer, alors que la date limite de souscription approche. « La date limite de souscription en arboriculture, c’est le 28 février. Mais on va la décaler au 10 mars, a annoncé Nadia Roignant. L’idée, c’est d’accompagner et d’éviter la perte de chance pour les agriculteurs qui n’aurait pas eu toutes les informations. »
Sur les tarifs, l’assureur reconnaît qu’il a « peu de connaissance du risque », car peu de contrats en arboriculture dans son portefeuille et que cela ne lui permet peut-être pas de proposer les meilleurs tarifs. De plus, les dispositifs de prévention, tels que les ombrières ou autres protections des vergers, ne sont pas encore pris en compte. En arboriculture, les cotisations d’assurance représentent aujourd'hui entre 5 et 6 % du capital assuré, net de subvention, détaille Groupama, alors qu’elles atteignaient 16 à 20 % du capital assuré en 2022 avant la réforme.
Deux chantiers encore en cours
La réforme prévoit également la mise en place d’un pool de réassurance, que les assureurs ont 18 mois pour mettre en place. Il doit leur permettre de regrouper leurs données de connaissances des risques afin de pouvoir assurer tous les types de production et d'adapter leurs tarifs. Il n’est pour l’instant pas encore opérationnel. « Le pool progresse, mais ce sont des sujets qui méritent un peu plus de temps que ce qu’on avait imaginé au départ », reconnaît Pascal Viné, directeur des relations institutionnelles de Groupama.
De même, en 2023 l’interlocuteur unique pour les agriculteurs non assurés sera l’État par l’intermédiaire des DDT. L’État et les assureurs ne se sont toujours pas mis d’accord sur les conditions financières de la délégation de cette tâche.