« La rentabilité d’ID3A s’est régulièrement dégradée depuis cinq bonnes années, explique Claude Keller qui vit le moment comme un « échec ». Jusqu’à en arriver à ne plus disposer d’assez d’argent pour investir et pour payer un intéressement aux salariés. J’ai préféré arrêter avant qu’il ne soit trop tard. »
La grande distribution comme débouché quasi exclusif
Jusqu’en 2024, l’entreprise créée en 1990 produisait en culture raisonnée 4 millions de têtes de salades, 1,5 million de bottes de radis, du céleri, des navets, du chou… en employant 15 permanents et 70 saisonniers. La grande distribution était son débouché quasi exclusif. Mais les charges ont augmenté (60 000 € d’électricité en plus sur an) en même temps que les relations entre le producteur et ses acheteurs se sont dégradées.
Claude Keller ne mâche pas ses mots. « La grande distribution veut l’image du local sans en payer le prix. Des patrons de grandes enseignes s’affichent avec Karine Le Marchand pour dire leur soutien à l’agriculture. Mais dans la vraie vie, c’est tout le contraire qui se passe. »
« Pris dans un étau »
« On ne peut pas s’aligner en permanence sur le moins-disant et souvent sous notre coût de production, poursuit-il. Récemment un hard discounter, un temps bien disposé à l’encontre des producteurs locaux, est revenu à sa stratégie antérieure de prix le plus bas possible. »
En 2017, ID3A avait pourtant signé un contrat d’approvisionnement de trois ans (non renouvelé depuis) avec Système U. A l’usage il s’est avéré qu’il « protégeait l’acheteur d’une hausse des prix, mais quand les prix étaient à la baisse l’acheteur demandait de nous aligner sous la pression des associés qui souhaitaient acheter au meilleur prix. Nous étions pris dans un étau. »
Une surface reconvertie en grandes cultures
Aucun distributeur n’a contacté Claude Keller depuis l’annonce de la cessation d’activité. Mais leurs acheteurs ont déjà passé des coups de téléphone à d’autres producteurs en France. Les saisonniers locaux et étrangers sont rentrés chez eux. Les salariés ont été licenciés mais après cette expérience « très peu d’entre eux ont envie de poursuivre leur carrière en agriculture » selon Claude Keller.

La surface agricole d’ID3A va passer en cultures. Le maïs servira à nourrir la deuxième activité de Claude Keller, un atelier de multiplication de reproducteurs porcins.