Vol de carburant, de quads, d’outillages… Les menaces dans les exploitations ne sont plus à démontrer. Elles font souvent la une de la presse nationale et locale. Il s’agit principalement d’atteintes aux biens. « Tout se vole, confirme Mathilde Le Maur, adjudante et référente en sûreté du Groupement de gendarmerie du Morbihan (1). Le carburant et l’outillage restent les catégories les plus concernées. On trouve aussi les engins, les véhicules, les accessoires (GPS…) mais également les animaux, des produits (brut ou finis), ou du numéraire dans les points de vente ».

Les risques vont être différents selon la localisation (isolé ou proche d’un axe fréquenté), selon la production, en fonction de l’année. Dans le secteur de l’élevage, les intrusions ou démonstrations de force à but idéologique par des collectifs ou autres associations sont aussi une menace.

Se protéger

Si l’accès des installations est libre (même avec une simple chaîne ou une rubalise), l’individu qui franchit l’entrée d’une propriété privée ne commet pas l’infraction de violation de domicile au regard de la loi (art. 226-4 du code pénal). Des mesures peuvent être prises pour marquer les limites de propriété, protéger ses bâtiments, les matériels, les équipements ou le carburant… Le but du malfaiteur est d’aller vite. À partir du moment où vous allez dissuader, bloquer, ralentir la progression, détecter et alerter précocement, etc., il renoncera plus vite et prendra la fuite.

« Si vous tombez sur les voleurs, attention à ne pas vous mettre en danger physiquement et à ne pas recourir à la violence, encore moins à des armes », rappelle l’adjudante. La légitime défense répond à des conditions juridiques strictes (article 122-5 du code pénal). Si elles ne sont pas respectées, vous pouvez être poursuivi pénalement si vous réagissez mal.

Contrôler son image

Attention également à contrôler votre image et vos publications sur les réseaux sociaux notamment. Il ne faut pas faire étalage des biens que vous avez (tracteur, antenne GPS…) et aux propos que l’on peut tenir. S’agissant d’intrusions à caractère idéologique, il faudra être vigilant sur les embauches de salarié ou de stagiaire.

Détailler dans le contrat les conditions d’utilisation du téléphone (réseaux…), l’usage d’ordinateurs. Lorsque l’on fait des visites d’élevages, bien préparer son circuit afin de donner une image concrète et valorisante tout en évitant les locaux sensibles.

Appeler le 17

« Dans le Morbihan, nous constations une baisse des faits délictueux dans les exploitations. Un constat à relativiser toutefois car certains agriculteurs ne nous appellent pas, se disant que cela ne servira à rien », indique la gendarme.

« Quoi qu’il se passe (comportement suspect, dégradation, vol…), même si vous n’allez pas porter plainte, que vous savez que votre assurance ne va pas fonctionner, mettez-nous au courant. Appelez le 17 », conseille-t-elle.

Relever les éléments

« Si on ne sait pas ce qu’il se passe, on ne peut pas bien protéger. » Dans tous les cas, il faut veiller à manipuler et souiller le moins possible les scènes d’infraction (les portes, les outils déplacés, etc.) pour les relevés d’empreintes (papillaires, ADN). Penser à relever tous les éléments pouvant orienter les services d’enquêtes : description physique, immatriculation, direction de fuite…

Il faut essayer de déposer plainte, ce qui donne une base légale (préplainte en ligne et passage pour signature en gendarmerie) si la personne est retrouvée par la suite.

Des brigades locales

La gendarmerie dispose d’un maillage territorial important avec ses brigades locales. « On n’est jamais bien loin de vos exploitations », assure l’adjudante. En Bretagne, la gendarmerie travaille en partenariat avec les chambres d’agriculture, la FDSEA, les JA. Elle réalise des campagnes de sensibilisation auprès des partenaires telles que des associations, des coopératives agricoles.

Un réseau d’alerte local dénommé « Alerte Agri » a été mis en place dans le Morbihan et l'Ille-et-Vilaine, ayant pour principe la retransmission des messages de prévention et le signalement des actes de malveillance aux agriculteurs qui sont inscrits.

(1) Elle intervenait lors du forum sur le circuit court des chambres d’agriculture de la Bretagne à la mi-juin 2024.