« Avec 20 000 m² d'oignons doux cultivés en terrasse et 400 brebis sur des parcours, nous dégageons aujourd’hui de quoi gagner notre vie et rémunérer deux permanents ainsi que des saisonniers », relève Gaël Martin. Avec son frère Brice, ils sont associés au sein du Gaec du Mas Figuier, à Val-d’Aigoual dans le Gard. « Ma première vocation, c’est l’élevage ovin. En 2004, à 19 ans, j’ai arrêté mon BTS en productions animales pour prendre la relève d’un berger qui partait à la retraite », raconte Gaël.
Défricher des terrasses
Gaël s’est alors installé en Gaec avec sa mère, qui produisait des oignons doux sur 6 000 m². L'augmentation progressive des surfaces l’a aidé à financer le développement du troupeau. Son frère Brice les a ensuite rejoints en 2008, et ensemble ils ont continué à défricher de nouvelles terrasses pour arriver à 20 000 m².
Aujourd'hui, leur mère a pris sa retraite, mais continue à les aider comme salariée. « À trois, nous assurons la finition manuelle du pelage des oignons, un travail très prenant qui nous mobilise d’août à février », précise-t-il.
De bons prix en appellation
Avec un seul agnelage par an, positionné en septembre après la récolte des oignons, l’élevage reste extensif mais permet d’entretenir le territoire. « Là où il n’y a plus de brebis qui pâturent, on voit les broussailles gagner. Nous bénéficions d’ailleurs d’une Maec pour la lutte contre l’incendie », note Gaël.

Les agneaux sont vendus à deux mois à un groupement qui s’occupe ensuite de leur engraissement. La revalorisation de l’ICHN en 2015 a permis d’embaucher un berger. « Il garde le troupeau sur les parcours ici et dans les vignes en plaine l’hiver. Nous nous remplaçons un week-end sur deux. Depuis qu’il est là, j’ai enfin du temps pour ma vie de famille », apprécie Gaël.
La production d’oignons doux, quant à elle, reste intensive avec des rendements de 40 à 70 t/ha et une charge de travail qui monte à 3 500 heures/ha, la plupart des opérations se faisant à la main. « Nous embauchons une quinzaine de saisonniers pour le repiquage et autant pour la récolte. »
Les coûts sont élevés, mais les prix de vente aussi. Grâce à une appellation d’origine protégée et à une coopérative dynamique, Origine Cévennes, ils se situent entre 1,50 et 1,65 €/kg. « Nous séchons nos oignons à la ferme, puis nous les stockons en frigo. Chaque semaine, nous préparons ensuite les volumes nécessaires en fonction des commandes de la coopérative », détaille Gaël.
Une bonne équipe
Leur père leur donne volontiers un coup de main pour la mécanique, un appui précieux en cours de saison. « Nous formons une bonne équipe familiale, c’est important pour faire face aux aléas », relève Brice. En septembre 2020, des inondations exceptionnelles les ont obligés à reconstruire deux bâtiments d’élevage et à remettre en état des terrasses.
« La solidarité des agriculteurs et des collectivités locales, ainsi que de bonnes indemnités d’assurance, nous ont aidés à nous en sortir. Mais nous avons également dû refaire 250 000 € d’emprunts », relève Gaël.
Après ce nouveau départ, l’arrivée d’un ravageur inconnu, la cicadelle verte, a réduit leurs rendements en 2022. « Nous avons perdu 40 % de notre production d’oignons. Mais nous avons aussi appris comment lutter, avec l’aide du technicien de la coopérative. Et en 2023, nous avons fait une belle récolte, heureusement », relève Brice.

Avant d’envisager de nouvelles évolutions, les deux frères se sont fixés de finir de payer tout ce qu’ils doivent. Ensuite, ils prévoient d’investir dans de nouveaux bassins de stockage des pluies. Pour l’instant, ils en ont deux petits qui leur permettent de sécuriser l’arrosage d’un de leurs deux hectares. L’autre est irrigué grâce à des pompages qui restent dépendants du niveau de l’eau dans la rivière.
« Dans la vallée de Taleyrac, nous avons deux projets collectifs qu’il va falloir faire aboutir. C’est un enjeu important pour toute la filière », affirme Gaël, qui est vice-président de la coopérative et président du syndicat d’appellation. « Dans nos vallées, la culture des oignons doux reste l’activité économique principale ! »