Le Gaec « La Maison forte » porte bien son nom. Aujourd’hui, les quatre frères et sœurs Quintard, basés à Saint-Félix-de-Lunel dans l’Aveyron, sont connus dans une bonne partie du département pour leurs volailles et leurs œufs. Ils élèvent aussi des bovins de race limousine. Des productions qui n’ont cessé d’évoluer au fil des installations familiales. Avec un tournant en 1992 lorsqu’Éliane, la mère des quatre agriculteurs, décide de rejoindre leur père Zéphirin dans le Gaec, et de lancer la production de volailles de chair en plein air, aux côtés de celle, préexistante, de bovins.

Quand Benoît, le premier fils, intègre la structure en 1999, c’est la partie volailles qu’il décide d’amplifier. En 2007, Magali arrive avec l’envie de lancer l’élevage de poules pondeuses… Un an avant Valérie (qui a racheté les parts de leur père), plutôt axée sur la commercialisation. Puis, vient Anthony, en charge des cultures et du troupeau bovin, qui reprend les parts de leur mère en 2013.

Création d’une marque

À la suite d’Éliane, ses enfants constituent un important circuit de commercialisation de volailles en plein air, notamment festives, qu’ils étendent ensuite aux œufs. En plus de la vente à la ferme, ils écoulent leurs productions dans une cinquantaine de boucheries, épiceries, GMS (grandes et moyennes surfaces) et restaurants de l’Aveyron. « Nous vendons aussi dans la Région parisienne, via des grossistes notamment », détaille Valérie. Ils ont créé la marque « Maison Quintard ». « Nous bénéficions d’une hausse de la demande en protéines moins chères », résument-ils.

La marque « Maison Quintard » et la charte graphique ont été créées avec l’aide d’un cabinet en communication. (©  Christophe Zoïa)

À tel point que progressivement, quatre éleveurs et une petite coopérative tarnaise les ont rejoints et cèdent tout ou partie de leur production de volailles aux Quintard. Désormais, ces derniers aimeraient trouver un éleveur de poules pondeuses partageant leurs valeurs. Concernant les bovins, les mâles sont commercialisés en grande majorité broutards, les femelles gardées pour le renouvellement et vendues prêtes à saillir, pour la plupart.

La fratrie tient au label Bleu-Blanc-Cœur, qu’elle a rejoint il y a treize ans pour les volailles. « Cette démarche nous a permis de ne pas changer complètement notre mode de production, tout en étant plus vertueux, explique Benoît. Et de nous démarquer sans rentrer dans le bio, ce qui aurait restreint notre cible. » Concrètement, l’alimentation des animaux est « idéalement équilibrée en Oméga 3 et Oméga 6, reprend-il. Il y a du lin, mais aussi du pois, du colza, de la féverole ou encore du lupin. »

L’alimentation est un peu plus chère, mais les productions sont mieux valorisées. Pour Bleu-Blanc-Cœur, la ferme a participé à un programme précurseur sur la baisse de la ration de soja importé. « Aujourd’hui, nous sommes quasi uniquement sur des matières premières du Sud-Ouest. C’est dans nos convictions et, avec ce type d’alimentation, les animaux sont plus résistants », argumente Benoît.

Un troupeau de limousines

Les Quintard sont autonomes pour l’alimentation de leurs bovins, alors qu’ils achètent la totalité de celle des volailles. Les limousines profitent des prairies de façon dynamique et consomment les céréales des champs familiaux. « Nous sommes en agriculture de conservation des sols depuis huit ans », se félicitent Antony et Benoît.

100 000 volailles sont mises à mort chaque année dans l’abattoir (en propre et en prestation). (©  Christophe Zoïa)

La famille se démarque aussi par sa volonté d’être active dans la transformation. Dès 1992, elle avait une tuerie à la ferme, puis a créé un abattoir en 2003, agrandi deux fois depuis lors. La fratrie y a adjoint une salle de découpe, qui permet de répondre à la hausse de la demande de pièces de volailles (300 poulets par semaine). Ils proposent également de la prestation, utile aux autres éleveurs.