« Nous avons constaté qu’une exposition chronique au tébuconazole modifiait significativement la reproduction des moineaux », écrivent les scientifiques dans l’article publié dans la revue internationale Environnemental Research (1). « Bien que la taille de la couvée et le succès d’éclosion n’aient pas été affectés par le tébuconazole, les poussins du groupe exposé ont montré une croissance réduite et un taux de mortalité plus élevé », ajoutent-ils. Le taux de mortalité de ces poussins augmente ainsi de 20 % à 47 % par rapport au groupe témoin, les effets étant « exacerbés » chez les poussins femelles.
« Les populations d’oiseaux des terres agricoles européennes ont diminué de plus de 60 % en quarante ans, l’utilisation de pesticides étant soupçonnée d’être l’une des principales causes de ce déclin », relèvent les scientifiques. Parmi ces produits phytosanitaires, l’incidence des fongicides sur la faune aviaire était encore peu étudiée. Mesurer leur impact demeure cependant difficile sur le terrain car d’autres variables environnementales peuvent interférer dans les résultats. La présente étude a donc été menée en captivité.
L’impact des fongicides était encore peu étudié
Le moineau domestique a été retenu pour l’expérimentation, en tant qu' « espèce aviaire représentative des terres agricoles ». Et l’équipe du CNRS a choisi d’étudier le tébuconazole car il s’agit d’un des fongicides les plus couramment utilisés en agriculture. De plus, de précédentes études suspectaient déjà les triazoles — dont fait partie le tébuconazole — de perturber les mécanismes physiologiques des espèces aviaires.
Les scientifiques ont exposé un groupe de moineaux « à des concentrations réalistes » de 550 μg/l de tébuconazole dans l’eau potable, pendant neuf mois, y compris la période de reproduction, et dans des conditions contrôlées. Ils ont ensuite comparé plusieurs indicateurs de performance de reproduction de ce groupe par rapport à un groupe témoin de moineaux domestiques.
« Cette étude démontre que le tébuconazole peut nuire à la reproduction des oiseaux des terres agricoles », concluent les scientifiques. Toutefois, « des études plus poussées restent nécessaires pour mieux documenter la contamination des animaux sauvages par cette substance et les perturbations physiologiques qu’elle peut engendrer ».
(1) En ligne depuis le 31 mars 2025 et dans la revue papier du 15 juin 2025 qui est en cours de fabrication.