Romain a toujours voulu s’installer. C’est chose faite depuis le 1er septembre 2019. Il s’est associé avec son frère David, agriculteur depuis dix ans sur l’exploitation porcine familiale à Plouzané (Finistère). « J’ai eu l’opportunité de reprendre un élevage voisin qui comptait 135 truies, 1 000 places d’engraissement et 65 ha, raconte Romain. Les bâtiments étant anciens, nous avons gardé 800 places d’engraissement et ramené tout le naissage sur le site du Gaec. Cette partie a été refaite à neuf en 2017 en prévision de mon installation. » Ainsi, les frères Louzaouen peuvent engraisser tous les porcs produits à la ferme plutôt que d’avoir recours au façonnage. Ils sont autonomes à 80 % pour l’alimentation de leurs animaux et maîtrisent mieux leur plan d’épandage.

Entre la reprise des bâtiments, du foncier et la volonté d’investir dans de nouvelles installations pour mettre en cohérence l’élevage, le dossier ne passait pas à la banque. Les cédants voulaient vendre les 47 ha qu’ils détenaient en propriété pour s’assurer un capital retraite. « Nous souhaitions que chacun s’y retrouve car, depuis le début, les discussions sont constructives », rappelle David. La solution a été trouvée grâce à l’achat différé du foncier proposé par le Crédit mutuel de Bretagne (CMB), en partenariat avec la Région et la Safer. Cette dernière achète le foncier à la place du jeune grâce à un prêt auprès du CMB. Le financement est cautionné par la Région pour limiter les garanties et donc les frais. Romain a financé 17 ha sur les 47 ha, et les 30 autres ont été acquis grâce au nouveau système. « Le jeune a dix ans pour les racheter », explique Joël Autret, conseiller foncier à la Safer. Entre-temps, il signe une convention d’occupation précaire avec la Safer et paie une redevance annuelle. Lors de l’acquisition, le montant des redevances sera déduit du prix d’achat et s’y ajouteront les frais de gestion de l’opération (notaire, taxes foncières…).

L’aspect technique prime

Une vraie bouffée d’oxygène pour les deux jeunes. Ce dispositif leur a permis d’investir dans l’outil de production et de concentrer leurs moyens financiers sur l’amélioration des performances techniques et économiques de l’élevage. « En 2023, les annuités vont nettement se réduire pour le Gaec. Il nous sera plus facile de racheter le foncier à ce moment-là, assure Romain. C’est plus intéressant qu’un bail, puisque le montant payé annuellement ne l’est pas à fonds perdu. Notre chance est d’avoir eu des cédants qui voulaient à tout prix transmettre à un jeune et qui ont accepté de jouer le jeu. » Isabelle Lejas