C’est en plein cœur de la zone légumière bretonne, à Saint-Pol-de-Léon (Finistère), que s’est tenu le congrès de Légumes de France, association spécialisée de la FNSEA pour les légumes, les 16 et 17 novembre 2023. Présent en terre bretonne pour venir soutenir les maraîchers et les serristes durement touchés par la tempête Ciaran, Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, a assisté à une table-ronde sur l’eau dans ce contexte marqué par le changement climatique.

Trop d’eau ou pas assez

« On observe une alternance d’abondance de précipitations et de périodes sécheresse. On va avoir une accélération de la fréquence de ces événements extrêmes comme ces derniers jours, a affirmé François Gemenne, rapporteur du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). L’agriculture va être particulièrement touchée par ces variations. Il va y avoir un énorme enjeu d’adaptation pour ce secteur. Ce que vous cultivez aujourd’hui ne sera pas forcément ce que vous cultiverez demain. »

Répartition de l’eau

Pour le spécialiste du climat : « La question de l’arbitrage politique de l’allocation de la ressource en eau va être cruciale à l’avenir, sans quoi on va avoir de plus en plus de conflits entre différents groupes d’usagers. »

Un sujet brûlant qui a fait réagir dans la salle. « On parle de partage mais comment va-t-on faire quand il n’y en aura plus ? a interpellé Gilbert Brouder, président des maraîchers d’Armor. Nous avons reçu plus de 200 mm en un mois. Toute cette eau qui va à la mer, il est plus que temps que l’on nous permette de la stocker quand elle tombe en abondance pour qu’on puisse la réutiliser en période de sécheresse. »

Utilisation des eaux usées

Il y a aussi aujourd’hui urgence à avancer sur le dossier du recyclage des eaux usées. « La France utilise moins de 1 % des eaux usées retraitées, loin derrière l’Espagne, l’Italie ou Israël », a rappelé Marie Christine Huau, directrice de marché chez Veolia. La réglementation est encore trop complexe et trop figée.

L’arrêté suite au plan eau n'est toujours pas paru au Journal officiel. « Qui est malade en mangeant une tomate espagnole irriguée par de l’eau usée retraitée ? » a-t-elle questionné. Des solutions doivent être trouvées.

« Il ne faut pas se leurrer, un légume sans eau ne pousse pas », a résumé Jacque Rouchassé, président de Légumes de France dans son allocution de clôture. « Nous en avons besoin pour mettre en œuvre le plan de souveraineté destiné aux fruits et légumes destiné à reconquérir 10 % de parts de marché. Aujourd’hui, 40 % des légumes consommés en France sont importés », a-t-il conclu.