Pour sa conférence annuelle du Space le 17 septembre 2024, le Crédit Agricole a annoncé vouloir mener un test sur le portage de capital des exploitations agricoles. « Notre objectif est de lancer cette expérimentation en 2025 », précise Jean-Christophe Roubin, directeur du marché agricole. De façon temporaire et minoritaire, ce dispositif permettrait de faciliter des transmissions financièrement difficiles mais aussi le développement de projets d’ampleur que souhaitent mettre en œuvre certaines exploitations.

Accueil de la profession

« Ça nous paraît utile pour l’agriculture. Mais nous ne savons pas encore comment la profession va accueillir cette proposition et la présence du Crédit Agricole à leur côté au capital. C’est ce que nous voulons tester », ajoute Michèle Guibert, directrice du Crédit Agricole des Côtes-d’Armor. C’est en Bretagne et sur les ateliers porcins et de volailles que ce portage devrait être évalué dans un premier temps. C’est un outil qui sera « une solution innovante et complémentaire qui participera à maintenir la ferme France compétitive, souveraine et responsable », estime, quant à lui, Olivier Auffray, président du Crédit Agricole de Bretagne.

Le portage de foncier est aussi dans les réflexions de la banque. « Pour que le foncier ne vienne pas bloquer les investissements nécessaires sur une exploitation », explique Jean-Christophe Roubin.

Une année 2024 incertaine

Sur le premier semestre de 2024, la banque voit un recul des investissements de 14,3 % par rapport au premier semestre de l’année 2023. Un phénomène plus puissant encore pour les céréales (–22,6 %) et en viticulture (–23,4 %). L’effet « ciseaux » entre des prix plus faibles et des intrants élevés s’est atténué mais restait présent sur le début de cette année.

Mais Jean-Christophe Roubin s’inquiète déjà des effets possibles de la « pire récolte de ces 40 dernières années » et a exprimé sa « forte préoccupation par rapport aux filières animales et de l’évolution des questions sanitaires ». Néanmoins, la banque n’a pas encore prévu de moyen d’action particulier et ce pour deux raisons.

Attendre la fin de la récolte

« Il n’y a pas de gouvernement et pas de ministère, donc les différentes demandes des syndicats agricoles n’ont pas encore eu de réponse », justifie-t-il. « La réalité de la situation et des difficultés des besoins qui vont être exprimés ne sont pas encore avérées », complète-t-il, citant notamment une récolte de céréales pas encore terminée et des prix pas encore connus définitivement pour la campagne. « Quand nous aurons une vision complète des besoins à court ou moyen terme des exploitations, nous serons présents », assure M. Roubin.