Les financements destinés à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à l’adaptation au changement climatique atteignent peu les caisses des systèmes agroalimentaires de petite taille. En effet, les exploitations agricoles cultivant moins de deux hectares, les organisations paysannes, les coopératives et les micro- et petites agroentreprises obtiendraient des fonds « remarquablement bas », selon un rapport du cabinet spécialisé Climate policy initiative diffusé le 22 novembre 2023.

Une chute de 44 % en quelques années

Ce montant s’élève à 5,53 milliards dollars américains, selon le rapport, soit moins de 0,8 % du total alloué au climat en 2019-2020. Au final, la part de financement de l’action climatique aurait reculé de 44 % par rapport à la période de 2017-2018. Cette somme allouée à ces systèmes agroalimentaires serait bien inférieure à leurs besoins réels. Ceux des petits exploitants agricoles sont estimés à 170 milliards de dollars par an, et à 106 milliards de dollars pour les agro-PME.

« Cette chute des financements est en contraste total avec la hausse générale du financement de l’action climatique dans d’autres secteurs comme l’énergie et le transport, mais accompagne la baisse de 20 % qu’a connue le secteur de l’agriculture, de la sylviculture et des autres utilisations de la terre à la même période », déclare le Fonds international de développement agricole (Fida) dans un communiqué de presse publié à la suite du rapport.

Une tendance « inquiétante »

Pourtant, les petits acteurs agricoles ont un rôle important à la table de l’alimentation mondiale, argumente Climate policy initiative dans son rapport. Ils produisent à eux seuls 35 % la production alimentaire dans le monde et gèrent 12 % de l’ensemble des terres agricoles. Responsables de 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), ils sont aussi plus sensibles au changement climatique avec une capacité limitée à y faire face.

« Cette tendance est extrêmement inquiétante. Les petits exploitants, qui nourrissent des communautés et des nations entières dans les pays en développement, doivent avoir les moyens de s’adapter dès aujourd’hui aux changements climatiques. S’ils ne le font pas, ce sont leurs vies, leurs moyens d’existence, mais aussi la sécurité alimentaire du monde entier qui est en danger », insiste Alvaro Lario, président du Fida.

« Nous devons convertir les contributions déterminées au niveau national et les plans nationaux d’adaptation en plans d’investissements accompagnés d’une réserve de projets bancables, et déployer des instruments financiers innovants pour réduire les risques et attirer les investissements privés », poursuit le président. À cette occasion, le Fida rappelle que l’ensemble des gouvernements, des institutions financières et des secteurs privés ont un rôle à jouer dans la quête de financements affectés aux systèmes agricoles de petite taille.