En 2023, l’amidonnerie française a enregistré une croissance de son chiffre d’affaires de 17 % sur un an, à 3,9 milliards d’euros. Un résultat « en trompe-l’œil » dans un contexte très inflationniste, qui masque une baisse des volumes de productions amidonnières.
« En volume, les ventes vers les secteurs alimentaires (55 % des débouchés) ont baissé de 12 % sur un an, et celles vers les secteurs industriels non alimentaires (45 % des débouchés) de 18 % », expose Mariane Flamary, déléguée générale de l’Union des syndicats des industries des produits amylacés et de leurs dérivés (Usipa), le 26 septembre lors de leur conférence de presse annuelle.
L’amidonnerie française se concentre davantage sur son marché européen
L’amidonnerie française a exporté 69 % de ses ventes en 2023, principalement dans l'Union européenne (UE). Les trois premiers pays de destination sont l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas. Vers les pays tiers, les exportations ont progressé vers le Royaume-Uni (+16 % en valeur), la Norvège (+46 %) et la Suisse (+38 %).
« Certes, c’est hors de l’Union européenne, mais cela reste proche de nous. En revanche, on observe une forte régression pour les pays tiers de grand export vers lesquels l’amidonnerie avait l’habitude d’exporter, notamment les États-Unis (–51 % en valeur) ou la Chine (–25 %) », constate Mariane Flamary.
La déléguée générale l’explique par la perte de compétitivité vers ces destinations lointaines face à des acteurs locaux aux coûts de matières premières et d’énergie moindres. « C’est un point de vigilance pour les années à venir », estime-t-elle.
Les importations, un phénomène nouveau
Les importations de produits amylacés en France ont progressé, et vite, de 13 % en 2023. « C’est un phénomène nouveau car historiquement les amidonniers français sont les premiers producteurs en Europe et les premiers fournisseurs de leurs marchés, indique Mariane Flamary. Cela nous amène à être vigilant au sujet des accords de libre-échange que l’Union européenne négocie actuellement avec trois zones fortement exportatrices d’amidon que sont le Mercosur, la Thaïlande et l’Indonésie. »
Face à ce constat, l’Usipa alerte les pouvoirs publics et leur demande d’être « vigilant dans les contreparties accordées ». « Ces pays produisent dans des conditions qui n’ont rien à voir avec les nôtres. Ils n’ont pas de problématique de financement de la décarbonation, un point majeur de nos industries aujourd’hui », insiste Mariane Flamary.
Décarbonation et sobriété en eau : les entreprises « gardent le cap »
L’amidonnerie s’est en effet engagée dans une trajectoire de décarbonation. En 2023, le secteur a tenu son cap, baissant de 30 % ses émissions de CO2 comparativement à 2015. « Les engagements des entreprises restent les mêmes, mais elles restent attentives au maintien de leur compétitivité, au risque de voir leur rythme d’investissement ralentir, affirme Mariane Flamary. L’État les a en partie accompagnées. Mais jusqu’à quel point le fera-t-il, alors qu’on atteint des niveaux de dettes records et que la question actuelle est de faire des économies ? »
Autre enjeu : la sobriété en eau. Depuis 2019, la consommation des usines a baissé de 27 %. La publication du paquet réglementaire sur la réutilisation des eaux usées traitées (Reut) en juillet 2023 autorise des pratiques de recyclage des eaux de process de fabrication au sein des industries agroalimentaires.
« Ce texte nous a beaucoup mobilisés. Il va dans le bon sens, mais il ne nous permet d’aller aussi loin que nous le souhaiterions. Une clause de revoyure est prévue, on l’attend avec impatience car on a déjà des projets pour réduire encore la consommation en eau », estime la déléguée générale.