Légume emblématique de la Bretagne, l’artichaut ne fait plus recette. « En France, la consommation moyenne d’artichaut n’est que de 750 g par an et par foyer, loin derrière les Italiens qui en mangent 8 kg/an ou les Espagnols 5 kg », explique Flora Balcon, directrice marketing de Prince de Bretagne. Le légume est de moins en moins consommé notamment par les jeunes.

La Bretagne est la première région productrice d’artichaut. Les deux-tiers de la production française proviennent des maraîchers Prince de Bretagne regroupant les coopératives Sica de Saint-Pol-de-Léon (Finistère), Maraîchers d’Armor (Côtes-d’Armor) et Terres de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Cela représente 240 exploitations pour une surface cultivée de 2 600 hectares.

Production en baisse

En dix ans, la production bretonne a été presque divisée par deux pour s’établir à 17 000 tonnes en 2023. « Les dernières saisons ont été compliquées avec le gel, la sécheresse et le télescopage des récoltes avec le Sud-Est, l’autre zone de production », explique Christian Bernard, agriculteur à Taulé (Finistère) et président de la section artichaut Prince de Bretagne. Chaque année les surfaces se réduisent.

Marc Rousseau, légumier à Carantec (Finistère) cultive des artichauts sur 30 hectares. « Au fil du temps, nous avons commencé à diversifier de plus en plus nos cultures pour pallier le manque de revenu », indique-t-il. Autre frein à la culture, l’artichaut est gourmand en main-d’œuvre. Il faut compter de 250 à 300 heures par hectare alors que les agriculteurs sont confrontés à des problèmes de recrutement sur leurs exploitations.

Alors comment faire pour faire revenir l’artichaut sur les tables ? Les producteurs et leur marque Prince de Bretagne n’ont pas dit leur dernier mot et comptent tout mettre en œuvre pour redynamiser la consommation. Régulièrement, ils organisent des campagnes de communication et se rapprochent des grands chefs pour proposer de nouvelles recettes. Le manque de temps et de matériel est la raison souvent évoquée pour bouder l’artichaut. Prince de Bretagne a donc développé une boîte l’Articook devenu le Végécook qui passe au micro-onde et est réutilisable.

Depuis des années, ils ont investi dans la sélection grâce à l’organisation bretonne de sélection (OBS) pour proposer de nouvelles variétés (Castel, Cardinal, Le petit violet) au côté du traditionnel Camus. Les producteurs fondent aussi beaucoup d’espoir dans l’ouverture annoncée dans les Côtes-d’Armor d’une usine de transformation. Elle permettrait de valoriser les fonds d’artichaut en appertisé ou surgelé comme en Espagne et de trouver des débouchés pour les petits gabarits.