Lors de sa conférence de rentrée, le 21 septembre 2023, à Paris, l’AGPB (association générale des producteurs de blé) s’est inquiété des conséquences « dévastatrices » de l’effet ciseau des prix pour les céréales. Par exemple, le prix du blé tendre sur Euronext s’est effondré de 200 €/tonne entre mai 2022 et aujourd’hui, pour revenir à des niveaux observés il y a trois ans. « Mais dans le même temps, les charges ont progressé en 2023 : de 15 % par rapport à 2022, et de 37 % comparés à la moyenne 2018-2021 », constate Eric Thirouin, président de l’AGPB.

En dessous du prix d’intérêt

Le prix brut du blé sera cette année en dessous du prix d’intérêt, c’est-à-dire le prix pour lequel il est intéressant de faire du blé (actuellement entre 225 et 250 €/t). « Ces deux dernières années, le prix brut était au-dessus de ce prix d’intérêt », rappelle Eric Thirouin. Autre source d’inquiétude : le coût d’acheminement, de traitement, de tri des céréales, de séchage… atteint aujourd’hui 40 €/t au lieu des 20 €/t observés jusqu’alors. La différence entre le prix sur Euronext et le prix vendu par l’agriculteur a donc progressé.

Pas de hausse de la redevance pour pollutions diffuses

Dans ce contexte de charges supplémentaires, Eric Thirouin s’est dit fermement opposé à la hausse de la redevance pour pollution diffuse (RPD) (prélevée sur l’achat des produits phytosanitaires) prévue dans la prochaine loi de finances. Soit 21 % de taxe supplémentaire pour aider les agriculteurs à s’adapter. « Ce n’est pas à coups de charges qu’on va pouvoir investir », lance le président de l’AGPB. Cette hausse représente 37 millions d’euros, en plus des 145 millions d’euros déjà dégagés par la RPD.

L’AGPB demande par ailleurs, « pour soulager la trésorerie des agriculteurs face aux charges », que l’avance des aides Pac mi-octobre soit bien à hauteur de 70 %. Si la France ne demande pas, ce sera seulement à 50 %.