La troisième édition de la journée des organisations de producteurs (OP) de lait s’est tenue le 4 juin 2024 à Paris, à l’initiative de la France OP Lait. Représentants des OP, éleveurs, membres de l’interprofession de la filière laitière et des instituts techniques, ainsi que conseillers politiques se sont réunis pour échanger sur les besoins et les missions des OP.

Douze ans après leur création, ces dernières se sont interrogées sur leur rôle au sein de la filière et les enjeux à venir, dans un contexte qui ne cesse d’évoluer, inversant progressivement les rapports de force.

Mettre en concurrence les industriels

« Le rapport de force change un peu aujourd’hui », déclare Yohann Serreau, président de l’Union nationale des éleveurs livreurs Lactalis et éleveur en Eure-et-Loir. Si auparavant, la filière était saturée, et que les laiteries privées disposaient de nombreux éleveurs fournisseurs de lait, les enjeux sont différents aujourd’hui. Ainsi, le président de l’Unell entrevoit « une réelle opportunité de travailler pour mettre en concurrence nos clients ».

Encadrées par la législation, les organisations de producteurs se sont construites sur des systèmes verticaux. Faisant le constat qu’il existe, de fait, peu d’OP fonctionnant de manière transversale, Yohann Serreau suggère d’ajouter de l’horizontalité dans les OP, pour permettre la mise en concurrence des laiteries.

« Est-ce qu’on aura l’intelligence collective pour prendre la main et mettre en concurrence nos clients ? Ou commettra-t-on l’erreur de se concurrencer entre OP et de laisser la main à nos clients ? », interroge ce dernier. « C’est tout l’enjeu de demain ». En « prenant la main », des « arbitrages » pourraient par conséquent avoir lieu après les négociations avec les industriels, afin de valoriser au mieux la production des adhérents des OP.

La montée en puissance

Loïc Adam, le président de France OP Lait, se réjouit de constater que les organisations de producteurs « prennent de plus en plus de place aujourd’hui », par la construction progressive d’un maillage, qui les place à l’interface entre producteurs et interprofession. En 2023, les OP ont intégré le collège des producteurs au sein du Cniel (Centre national interprofessionnel de l’économie laitière), consolidant leur représentativité. Depuis leur création en 2012, les OP sont montées en puissance et jouent désormais « un rôle essentiel au sein de la filière laitière ».

« Le rôle des OP est central pour nous, explique François-Xavier Huard, président de la Fnil (Fédération nationale de l’industrie laitière). Il permet la discussion d’égal à égal. Malgré les désaccords qui forcément sont présents dans les négociations, nous [industriels privés] avons besoin d’avoir des OP fortes en face pour négocier des accords qui durent et qui soient solides. »

Des missions appelées à s’élargir

Si les représentants des OP placent le rôle de négocier prix et volumes des contrats du lait au cœur de leur mission, la prise en compte des enjeux sociétaux est volontiers ajoutée.

Évolutions sur le bien-être animal, sur la décarbonation de la filière, question de la maîtrise des données : des missions supplémentaires viennent compléter au fur et à mesure le rôle des OP.

Au-delà de la négociation, « la première mission des OP aujourd’hui est de conduire les producteurs de lait dans des démarches de filière », affirme le président de France OP Lait. Grâce aux relations humaines qui se sont construites, les OP peuvent être « véritablement un moteur » pour mettre en place différentes démarches en lien avec les interprofessions et institutions, tout en prenant en compte les souhaits des responsables des OP, sans tomber dans « juste une reconnaissance statutaire ».