« Biolait vit des années difficiles dans un contexte d’arrêt de la croissance, voire de baisse de la consommation », a reconnu Ludovic Massard, éleveur à Buléon (Morbihan) à l’occasion d’une conférence de presse sur une exploitation laitière à Piré-sur-Seiche le 17 avri 2024.
Le groupement de producteurs, qui fête ses trente ans cette année, collecte 270 millions de litres de lait auprès de 1 200 fermes dans tout l’Hexagone, ce qui représente un quart de la collecte de lait bio en France. Le lait est commercialisé auprès d’une centaine de clients (Biocoop, Auchan, Super U, industriels…).
Passer à l’action
En 2023, le prix moyen payé au producteur était de 482 €/1 000 l. 30 % du lait a été déclassé en conventionnel. Les volumes collectés ont baissé. Sur les deux dernières années, une centaine de producteurs sont partis, à la retraite ou dans le cadre de déconversions.
Installé en 2022 en Gaec, Martial Chesnais n’a connu que la crise depuis son installation. « Nos systèmes autonomes nous permettent de contenir nos coûts mais nous subissons tout de même l’augmentation du prix des intrants (énergie, GNR…). Sur l’exploitation, nous avons dû décaler certains investissements et l’embauche d’un salarié attendra », admet le jeune éleveur.
Passé la phase de sidération, Biolait a décidé de réagir et de « passer à l’action ». Il veut renouer avec le consommateur. En 2024, de 150 à 200 animations sont prévues dans les magasins pour avoir un contact direct producteur-consommateur.
« Nous voulons renforcer la visibilité de notre logo “Il Lait là”. L’objectif est que le consommateur puisse mieux identifier nos produits quand il fait ses courses », détaille Ludovic Massard. Les producteurs vont aussi aller à la rencontre les élus (collectivités, député, sénateur…).
Un coup de pouce de l’Etat
Mais pour rebondir, le collectif a besoin du soutien des pouvoirs publics. « Moteur du développement du lait bio en France depuis notre création, nous demandons à l’Etat de nous soutenir pour nous permettre de tenir bon », a lancé Yves Sauvaget, producteur à Saint-Ovin (Manche).
La structure formule de nombreuses demandes : un mécanisme d’accompagnement financier au déclassement de la production, le financement du surcoût lié à la collecte dans les territoires éloignés et difficiles d’accès, que l’objectif de 20 % de produits AB en restauration hors domicile soit respecté…
À l’approche des élections européennes, Biolait tient à rappeler « l’urgence de donner aux acteurs de la filière laitière et bio les moyens de répondre aux enjeux de la transition énergétique et écologique demandée par Bruxelles et la France ». Ils réclament des enveloppes suffisantes pour la bio dans la prochaine Pac, un meilleur déploiement des MAEC (mesures agroenvironnementales et climatiques) et des PSE (paiement pour services environnementaux) sur tous les territoires…
Depuis l’origine, le projet politique du groupement est toujours le même : « Du bio pour tous et partout, pour tous les producteurs qui le souhaitent et là où ils se situent. » Leur ambition est de doubler le nombre de fermes biolait à l’horizon de 2050.
« C’est un échange gagnant-gagnant. L’Etat nous aide et nous nous l’aidons à atteindre les objectifs fixés sur le bio », résume Yves Sauvaget.