Le manque d’accessibilité au pâturage est l’une des principales raisons qui pousse les éleveurs laitiers à passer le cap de l’affouragement en vert. Les grands troupeaux, les exploitations en traite robotisée et celles suivant un cahier des charges qui impose une part d’herbe dans la ration ou interdit les fourrages conservés sont les plus séduites. « Rares sont les cas où les producteurs préfèrent l’affouragement au pâturage quand le parcellaire le permet, précise Valérie Brocard, de l’Institut de l’élevage (Idele). L’herbe affouragée remplace la distribution de maïs quand le pâturage vient à manquer. »

Peu de données permettent de recenser la fréquence de la pratique en France. Une étude de 2009, conduite auprès des conseillers des contrôles­ laitiers bretons, indique que 3 % des adhérents y avaient recours, soit quelque 350 élevages.

Comme le rappellent les chambres d’agriculture de Bretagne et Pays de la Loire dans le guide Produire avec de l’herbe, réédité en 2015, ce mode de récolte est d’une valeur alimentaire supérieure aux ensilages d’herbe et aux foins. Il s’accompagne le plus souvent d’une économie de correcteur azoté et permet une valorisation de l’herbe d’automne, difficile à stocker.

L’affouragement apporte aussi son lot de contraintes : temps de travail et bilan énergétique s’en trouvent affectés, sans compter l’investissement dans le matériel de départ. Si les coûts du maïs et du correcteur azoté diminuent, la mise en place des prairies et dérobées, la récolte et la distribution du fourrage sont des charges à prendre en considération.

Un équilibre à étudier au cas par cas.

Gildas Baron, Alexandra Courty et Corinne Le Gall