Un millier d’agriculteurs suisses et leurs familles ont manifesté le mardi 3 décembre 2024 devant l’Office fédéral de l’agriculture (Ofag), à Liebefeld, dans la banlieue de Berne. Sans tracteur mais au son des cloches de vaches traditionnelles, ils ont réclamé des prix plus justes, des réglementations plus prévisibles et une bureaucratie moins lourde.

Devant le bâtiment de l’Office fédéral de l’agriculture, ils sont venus faire état de leurs doléances après une année 2024 difficile à cause de conditions de marché compliquées, d’un grand degré d’incertitude et de conditions météorologiques défavorables.

Le poids de la bureaucratie

Arnaud Rochat, agriculteur et fondateur du mouvement Révolte agricole suisse créé en février 2024 lors des précédentes mobilisations agricoles, égrène les revendications : meilleurs salaires, moins de bureaucratie, une meilleure planification et une politique agricole stable.

Anne Chenevard, productrice de lait et de céréales à Corcelles-le-Jorat dans le canton de Vaud, déclare que le poids de la bureaucratie est « humiliant ». « On a l’impression d’être pris pour des voleurs, pour des menteurs, pour des tricheurs. On se sent un peu comme des voyous. Parce qu’on est continuellement contrôlés pour être sûr qu’on applique à la lettre des directives qui souvent nous dépassent et qui sont extrêmement complexes », s’indigne-t-elle.

« Un avenir pour les jeunes »

« Quand on investit, on investit pour 20-30 ans. Donc il faut qu’on soit plus stable dans la planification », insiste Arnaud Rochat auprès de l’AFP. « C’est dur, il y en a beaucoup qui sont tout seuls, qui se noient dans le travail, qui croulent sur l’administratif, sur les papiers, qui ne savent plus où donner de la tête. Qui ont à peine à comprendre tous les programmes », explique l’agriculteur qui ajoute : « Il y a beaucoup d’agriculteurs qui se suicident, et nous n’en parlons pas. »

« Nous voulons un avenir pour les jeunes. C’est pour cela que nous devons nous battre aujourd’hui », affirme-t-il.

Les agriculteurs se comparent à une balle de ping-pong

« L’Ofag veut que nous soyons 50 % plus productifs dans le futur mais il ne nous en donne pas les moyens », explique Simon Baechler, agriculteur à Vallon, dans l’ouest du canton de Vaud. Il dénonce « toujours plus de règles, plus de contrôles, et moins de surface avec moins d’argent pour la production. Sans parler de la concurrence étrangère avec des coûts de production plus faibles. »

Des manifestants ont apporté un cercueil dans lequel reposait un paysan de paille pour mettre en avant le nombre de suicides dans le secteur agricole. D’autres ont joué au ping-pong, la balle représentant les agriculteurs que se renvoient l’Ofag, les responsables politiques et les grandes chaînes de supermarchés du pays.