Entre la pression urbaine et la concurrence sur le foncier agricole, les terres françaises près de la frontière suisse sont pour le moins convoitées. Forts de moyens financiers souvent supérieurs, les agriculteurs suisses n’hésitent pas à se placer quand du foncier agricole se libère du côté français.

De plus, pour leur passage au contrôle des structures, ils ne sont pas tenus de faire mention des terres qu’ils possèdent en Suisse. Un point que le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau avait admis lors d’une séance de questions au gouvernement en janvier 2023. « Les CDOA ne tiennent pas compte des surfaces exploitées à l’extérieur des frontières nationales », avait-il précisé.

Mais ce n’est pas tout. Les productions des agriculteurs helvètes sur le territoire français peuvent passer la frontière sans droits de douane dès lors que la parcelle est située à moins de 10 kilomètres du territoire helvète, par simple déclaration.

Transfrontaliers à la manœuvre

Installé à deux pas de la frontière à Durlinsdorf dans le Haut-Rhin, Didier Kohler, éleveur de vaches laitières, relève un autre phénomène. « Il y a des pluriactifs français, employés en Suisse, qui défiscalisent leur salaire avec quelques hectares ou en investissant dans du matériel, observe-t-il. Ce ne sont pas toujours les Suisses qui font monter le prix des terres. »

Un problème qui s’étend au niveau de l’urbanisme. « Les villes françaises proches de la Suisse ont une très forte demande en logements, ce qui raréfie les terrains disponibles et accentue la pression sur les terres agricoles. »