« Nous constatons que, malheureusement, l’accès de la Russie au marché agricole européen reste illimité », a déploré Volodymyr Zelensky ce jeudi 21 mars 2024, lors d’une visioconférence avec les Vingt-Sept réunis en sommet à Bruxelles. « Lorsque des céréales ukrainiennes sont jetées sur les routes (par des agriculteurs polonais mécontents, NDLR), des produits russes et bélarusses continuent d’être acheminés vers l’Europe. […] C’est injuste », a-t-il poursuivi.

Les produits agricoles russes exemptés de droits de douane

En vertu des règles de l’Organisation mondiale de commerce (OMC), les produits agricoles russes sont jusqu’à présent exemptés de droits de douane dans l’Union européenne. Dans ses différents trains de sanctions contre Moscou après l’invasion de l’Ukraine, l’Union européenne a pris soin de ne cibler ni le secteur agricole, ni les engrais de la Russie.

L’Union européenne ne voulait pas déstabiliser les échanges mondiaux de céréales et de fragiliser la sécurité alimentaire de pays en Asie et en Afrique. La Commission européenne a cependant promis de présenter « prochainement » des mesures visant les importations de céréales russes. Elle pourrait proposer dès cette semaine aux Vingt-Sept de leur imposer des droits de douane.

Critiques à l’encontre des blocages de frontières par les agriculteurs polonais

Volodymyr Zelensky a aussi critiqué les blocages des agriculteurs polonais mis en place depuis plusieurs semaines à la frontière avec l’Ukraine. Il a dénoncé « les tentatives de séparatisme commercial au sein de l’UE (qui) affaiblissent le continent entier ».

Les Vingt-Sept ont décidé au printemps 2022 d’exempter de droits de douane les productions ukrainiennes pour soutenir l’économie du pays en guerre. Sous la pression des agriculteurs européens, qui dénoncent une concurrence déloyale, l’Union européenne s’est accordée mercredi pour plafonner ses importations de volailles, œufs, sucre, maïs et avoine de l’Ukraine aux volumes de 2022-2023, niveaux au-dessus desquels des tarifs seront réimposés.

« Toute perte de recettes commerciales, c’est la perte d’une ressource qui nous permet d’arrêter la Russie », a martelé le président ukrainien. La République tchèque, la Pologne et les trois États baltes plaident pour une interdiction complète des importations dans l’Union européenne de céréales de la Russie et du Belarus.

« Nous considérons comme impératif de remplir notre obligation morale de bloquer toute activité pouvant potentiellement renforcer » la Russie, avaient déclaré plus tôt cette semaine les ministres de l’Agriculture de ces cinq États dans une lettre à la Commission européenne consultée par l’AFP.

Le mois dernier, la Lettonie a interdit l’importation de produits alimentaires de la Russie et du Belarus, y compris ceux transitant par des pays tiers.