Les nouvelles lois sur l’immigration récemment annoncées par le gouvernement britannique pourraient porter un nouveau coup dur aux agriculteurs qui cherchent à faire venir la main-d’œuvre indispensable de l’étranger. Les conditions d’obtention de visa pour les travailleurs souhaitant entrer au Royaume-Uni devraient en effet être complexifiées par un gouvernement britannique qui tente d’endiguer la migration nette vers le Royaume-Uni, évaluée à 745 000 personnes en 2022.

Un salaire minimum trop élevé

Les personnes qui souhaitent venir travailler au Royaume-Uni doivent demander un visa de travailleur qualifié dans le cadre d’un système à points (PBS) qui prend en compte le salaire, la catégorie d’emploi et la maîtrise de l’anglais. Le principal obstacle qui se dresse désormais sur le chemin de la plupart des candidats réside dans les nouveaux critères relatifs au salaire. Auparavant, le niveau de salaire minimum permettant aux candidats d’obtenir suffisamment de points de visa était de 26 200 livres sterling, mais il a maintenant été augmenté de près de 50 % pour atteindre 38 700 livres sterling. Pour les agriculteurs, c’est un énorme problème car ils ne peuvent pas se permettre de payer ce montant pour recruter. Par ailleurs, les travailleurs agricoles ne sont pas actuellement définis comme une profession sous tension, à la différence du métier de vétérinaire par exemple.

Le vice-président du Syndicat national des agriculteurs, Tom Bradshaw, s’est ému de cette situation : « Les récentes annonces du gouvernement en matière d’immigration rendent l’accès aux travailleurs étrangers encore plus difficile, remettant en question l’importance que le gouvernement accorde à des secteurs comme le nôtre. Le recrutement est déjà une préoccupation dans la mesure où les visas de travailleurs qualifiés et la liste des professions en pénurie ne reconnaissaient pas les exigences du secteur alimentaire et agricole. C’est pourquoi si peu de nos travailleurs ont été recrutés par ces voies, et ces changements ont amplifié la situation. »

Incertitudes pour les saisonniers

Les modifications apportées aux visas de travailleurs qualifiés n’affecteront pas les milliers de travailleurs saisonniers qui se rendent au Royaume-Uni pour cueillir des fruits et légumes. Ce personnel temporaire, ainsi que ceux destinés au secteur avicole, demandent des visas de travailleur saisonnier, dont entre 45 000 et 55 000 sont disponibles pour 2024, plus 2 000 autres pour l’aviculture. Mais les filières aimeraient avoir plus de certitudes pour l’avenir. « Nous avons besoin de toute urgence de clarifications sur les travailleurs saisonniers à partir de 2024. Il est essentiel que soit mis en œuvre un programme glissant à long terme sur cinq ans afin de  garantir aux entreprises agricoles la certitude dont elles ont besoin pour fournir des aliments locaux nutritifs et respectueux du climat », insiste Tom Bradshaw.