De nouvelles attaques russes ont eu lieu cette nuit dans le sud de la région ukrainienne d’Odessa, alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan doit rencontrer Vladimir Poutine ce lundi 4 septembre 2023, à Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie. Au menu des discussions : la reprise de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire à temps pour la récolte de l’automne.
17 drones abattus
Plus précisément, l’Ukraine annonce que des bâtiments ont été endommagés dans le district de la ville portuaire d’Izmaïl. Ce port fluvial est devenu l’une des principales voies de sortie des produits agricoles ukrainiens depuis que Moscou a mis fin à l’accord sur les exportations de céréales. « Dix-sept drones ont été abattus […], a expliqué Oleg Kiper, le gouverneur local, sur Telegram. Des entrepôts et des bâtiments de production, des machines agricoles et des équipements d’entreprises industrielles ont été endommagés. »
Sur le plan diplomatique, le chef de l’État turc espère faire de ces entretiens sur le transport des céréales ukrainiennes un tremplin en vue de négociations de paix plus larges entre Kiev et Moscou. Recep Tayyip Erdogan est un des rares dirigeants au sein de l’Otan à préserver de bonnes relations avec Vladimir Poutine. Leurs relations étroites, mais parfois tumultueuses, semblent s’être renforcées depuis que la Russie a déclenché son « opération militaire spéciale » en Ukraine en février 2022.
La Russie et l’Ukraine souhaitent aujourd’hui s’assurer du soutien de Recep Tayyip Erdogan dans leur conflit en mer Noire, en particulier sur les exportations. La Russie a mis fin en juillet à l’accord qui permettait le transport maritime des céréales ukrainiennes. Moscou critiquait le fait que l’envoi sur le marché international de ses propres produits agricoles et engrais était entravé par les sanctions occidentales.
Bombardements d’infrastructures portuaires ukrainiennes
La Russie menace depuis d’attaquer des navires quittant les ports ukrainiens en mer Noire. Elle a aussi intensifié ses bombardements d’infrastructures portuaires ukrainiennes. Concernant un retour à l’accord sur les céréales, « il y a désormais un processus reposant sur une meilleure compréhension et une meilleure réponse par rapport aux demandes de la Russie », a estimé le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan qui s’était déplacé jeudi à Moscou pour préparer la visite de son président. La solution au transport des céréales en mer Noire « dépend des pays occidentaux qui doivent tenir leurs promesses », avait affirmé au début d'août Recep Tayyip Erdogan, faisant allusion aux requêtes de Moscou.
L’Ukraine dépend désormais pour ses livraisons d’itinéraires terrestres et d’un port fluvial peu profond, ce qui limite considérablement ses exportations de céréales. Kiev a récemment envoyé quatre navires pour tester une nouvelle voie maritime qui n’entre que brièvement dans les eaux internationales et suit largement celles contrôlées par les membres de l’Otan – et donc moins sujette aux attaques russes.
De son côté, Moscou a formulé sa propre proposition fondée sur l’envoi des denrées alimentaires gratuites à l’Afrique et de céréales à prix réduit pour être transformées en Turquie grâce à une contribution financière du Qatar. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a écarté une nouvelle proposition du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, en vue de la reprise de l’accord des exportations de céréales ukrainiennes. « Il n’y a toujours aucune garantie dans cette (proposition), seulement des promesses », a-t-il affirmé.