La Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Hongrie et la Bulgarie (qui n’est pas un voisin direct de l’Ukraine) ont déclaré la semaine dernière qu’elles souhaitaient que l’Union européenne prolonge l’interdiction, qui doit expirer le 15 septembre, jusqu’à la fin de l’année, pour défendre leurs propres agriculteurs.

Cinq pays à la manœuvre

Ces cinq États ont menacé de prendre des mesures à l’échelle nationale si la Commission européenne ne prolongeait pas les restrictions, qu’elle les avait autorisés au début de juin à prolonger jusqu’au 15 septembre. Il s’agit pour ces pays de bloquer sur leur territoire la commercialisation de blé, maïs, colza et tournesol ukrainiens, qui selon eux provoque l’effondrement des prix sur les marchés locaux.

« Nous nous y opposons catégoriquement, car cette mesure violerait les règles du marché commun, a déclaré le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, lors d’une visite à Prague, ce lundi 28 août 2023. Cette règle violera l’accord d’association entre l'Ukraine et l'Union européenne, mais surtout elle ira à l’encontre du principe de solidarité sur lequel repose l’Union européenne. »

Dmytro Kuleba a déclaré que son pays était prêt à travailler avec les cinq membres de l’Union européenne afin de trouver une solution à ce problème. Il leur a également demandé « de ne pas prendre la question de l’exportation des céréales en otage dans leurs processus politiques internes », alors que la Pologne, en particulier, se prépare à des élections législatives. « S’ils se comportent de la sorte, nous n’aurons d’autre choix que de défendre farouchement nos droits et ceux des agriculteurs ukrainiens », a ajouté Dmytro Kuleba.

Une querelle qui refait surface

Bien qu’alliée de l’Ukraine, la Pologne s’est opposée à Kiev au sujet des importations de céréales, ce qui a déclenché une querelle diplomatique entre les deux pays sur ce sujet. En juillet, un conseiller présidentiel polonais, Marcin Przydacz, a déclaré que Varsovie donnait la priorité à « la défense des intérêts des agriculteurs de l’Union européenne en demandant la prolongation des restrictions sur les importations de céréales ukrainiennes ».

Marcin Przydacz avait appelé l’Ukraine à montrer de la reconnaissance pour « le rôle que la Pologne a joué » en la soutenant contre l’agression russe. Kiev avait réagi en convoquant à son ministère des Affaires étrangères l’ambassadeur de Pologne.

Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, l’Union européenne est devenue une voie de transit et une destination d’exportation majeure pour les céréales ukrainiennes.