L’accord qui garantissait depuis un an l’exportation sécurisée des céréales ukrainiennes via la mer Noire a expiré ce lundi 17 juillet à minuit à Istanbul (21h00 GMT), la date limite fixée lors de sa dernière reconduction pour deux mois en mai. Déjà reconduit à deux reprises, l’accord permettait à l’Ukraine d’exporter ses céréales par la mer Noire. Sur l’année écoulée, il a permis de sortir près de 33 millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens, en dépit du conflit. Avec cet accord, le Programme alimentaire mondial (PAM) a pu soulager une dizaine de pays en situation critique comme l’Afghanistan, le Soudan ou le Yémen.
Des réactions qui dénoncent le refus de prolongation
Les réactions condamnant la fin de l’accord ne se sont pas fait attendre. Pour le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, des millions de personnes dans le monde vont subir cette décision de la Russie : « Des centaines de millions de personnes font face à la faim et les consommateurs sont confrontés à une crise mondiale du coût de la vie. Ils vont payer le prix », a-t-il insisté. L’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, dénonce « un nouvel acte de cruauté » de Moscou, l’accusant de « prendre l’humanité en otage ».
Du côté européen, les réactions sont nombreuses aussi, à commencer par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qui a condamné « fermement » la décision « cynique » de Moscou dans un tweet, tout en assurant que « l’Union européenne s’efforce de garantir la sécurité alimentaire des populations vulnérables de la planète ».
I strongly condemn Russia’s cynical move to terminate the Black Sea Grain Initiative, despite UN & Türkiye’s efforts.
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) July 17, 2023
EU is working to ensure food security for the world’s vulnerable. #EUSolidarityLanes will continue bringing agrifood products out of Ukraine & to global…
De son côté, le président du Conseil européen a regretté l’annonce de la Russie qui « mettra en péril la sécurité alimentaire ». Il a souligné qu’il soutenait les efforts du secrétaire général des Nations unies pour obtenir une extension.
Jugeant « très décevante » l’annonce du Kremlin, le gouvernement britannique a estimé que la fin de cet accord « privera des millions de personnes d’un accès vital aux céréales » tout en indiquant que « les discussions » vont se poursuivre. Berlin s’est exprimé dans le même sens, en appelant « la Russie à rendre possible la prolongation de l’accord ». Le ministre néerlandais des Affaires étrangères a, quant à lui, qualifié le retrait de Moscou d' « absolument immoral ».
Une France prête à œuvrer pour la sécurité alimentaire
Avant l’annonce du Kremlin, le ministre français de l’Agriculture, Marc Fesneau, s’était déjà exprimé face à une éventuelle non-prolongation de l’accord, rappelant l’impact sur la sécurité alimentaire mondiale : c’est « une responsabilité, même pour Monsieur Poutine, de faire en sorte que les gens dans le monde puissent se nourrir ».
Dans sa déclaration faisant suite au refus de la Russie de prolonger l’accord, le ministre a jugé cette décision « irresponsable et dangereuse ». Il dénonce ce choix unilatéral de la Russie, qui utilise « l’alimentation comme une arme de guerre et dans les guerres ». Il assure également que la France poursuivra sans relâche ses efforts pour garantir la sécurité alimentaire dans le monde.
Du côté ukrainien, le président Zelensky se dit prêt à maintenir ses exportations de céréales sans la Russie : « Même sans la Russie, tout doit être fait pour que nous puissions utiliser ce couloir (pour les exportations) en mer Noire. Nous n’avons pas peur », a-t-il affirmé, selon des propos partagés par son porte-parole Serguiï Nykyforov.