La situation créée sur les marchés par l’ouverture des frontières aux produits agricoles ukrainiens était encore en haut de la liste des sujets du conseil des ministres européens de l’Agriculture à Bruxelles ce 30 mai 2023. À cette occasion, le ministre ukrainien de l’Agriculture, Mikola Solskyi, est venu s’entretenir à huis clos avec ses homologues afin d’envisager une sortie de crise. « Nous sommes heureux d’avoir l’opportunité de se rencontrer. Mais notre position reste la même, nous ne voulons plus des blocages à la frontière », a-t-il déclaré à l’issue de la rencontre.
« Une arme pour la Russie »
Les restrictions appliquées aux frontières, à la demande des pays frontaliers, avaient été décidées dans l’urgence après les blocages improvisés par ces derniers. Les accords entre Bruxelles et les 5 pays frontaliers concernés prendront fin le 5 juin prochain. « Peu de temps après les restrictions aux frontières de l’Union européenne, nous avons eu des difficultés au niveau du corridor en mer Noire », s’est lamenté Mikola Solskyi. Car outre les conséquences économiques qui émergent de part et d’autre, pour le ministre le danger vient d’ailleurs. « Nous savons que la Russie essaie de profiter de cette situation et nous ne pouvons pas la laisser faire. Il y a un gros potentiel pour qu’elle fasse de ce problème une arme », a-t-il prévenu.
Incohérence de Bruxelles
Sur les conséquences pour l’Union européenne, le ministre ukrainien ne nie pas que la situation n’est pas satisfaisante. « Il y a beaucoup de choses à améliorer et on essaie de le faire », assure-t-il. Interrogé sur la possibilité de porter le problème à l’OMC, Mikola Solskyi s’est voulu optimiste. « On essaie de tout faire pour éviter cette situation. Nous avons déjà beaucoup de batailles à mener, nous n’en voulons pas davantage », espère-t-il. Il a toutefois pointé l’incohérence de la décision de Bruxelles. « Il y a des restrictions qui n’existaient pas avant la guerre, pourquoi les appliquer aujourd’hui ? », a-t-il ajouté.