L’Unilet, l’interprofession des légumes en conserve et surgelés, présentait à la fin de juin 2025 dans les Hauts-de-France un premier point d’étape de 1er Decclic (1), un peu plus d’un an après son lancement. Ce projet sur le désherbage des dicotylédones dans les légumes d’industrie a été lancé dans le cadre du Parsada. Il est porté par l’Unilet et sept autres partenaires (2), et durera jusqu’en 2028. Si la filière travaillait déjà sur la problématique, ce plan d’envergure devrait permettre l’accélération de la recherche de solutions alternatives, estime-t-elle.
Explorer la piste des matériels innovants
Les pistes explorées sont pour beaucoup tournées autour de matériels innovants, avec par exemple du désherbage de précision chimique, mécanique, électrique ou laser. La pulvérisation localisée a permis dans les premiers essais de réduire la consommation d’herbicides de 70 à 75 % en haricot, carotte ou maïs doux.
Et, depuis deux ans, la pulvérisation ciblée fait partie de la stratégie de désherbage de « près de 90 % de la sole d’oignon française », a présenté Cécile Le Doaré, directrice générale d’Unilet.
Pour l’agriculteur et utilisateur Christophe Desmis, l’efficacité de cette pratique associée à du binage ne fait pas de doute, mais son coût ferait exploser le poste de désherbage si le pulvérisateur n’avait pas été financé par l’entreprise qui lui achète sa production.
L’adaptation d’agroéquipements à la spécificité de ces cultures de légumes de plein champ, mais aussi l’adaptation du mode de semis à l’outil sont aussi explorées. Des essais ont par exemple été lancés en 2025 avec des haricots semés en poquets (en groupes de graines espacés) pour permettre du désherbage mécanique sur le rang avec le robot Farmdroid ou la Robocrop In Row (dotée de caméras avec système d’intelligence artificielle).
Plus simplement, le renforcement du désherbage mécanique est aussi étudié. Il a d’ailleurs gagné du terrain : « Près de la moitié des parcelles de haricots en France bénéficient d’au moins un passage de bineuse. À l’échelle nationale, 43 % des carottes sont désherbées mécaniquement », décompte l’Unilet. Les pistes plus larges de l’association de techniques de désherbage, de l’évolution des rotations ou du travail du sol sont également suivies.
Seuil de nuisibilité
Les premiers travaux sont « encourageants d’un point de vue économique, estime l’interprofession. Même si ces nouvelles techniques demandent un investissement initial important, leur adoption progresse rapidement grâce à la mutualisation du matériel par les organisations de producteurs et les soutiens publics associés en complément ».
L’amélioration des connaissances sur ces adventices fait aussi partie des objectifs du projet, ces données manquant « cruellement » en cultures spécialisées, en particulier sur les dicotylédones, fait remarquer l’Unilet. « On cherche le zéro nuisibilité et non pas le zéro adventice », a résumé Benjamin Dubois, expérimentateur pour l’interprofession. L’idée : établir des critères d’intervention par espèce, le risque de montée à graine des différentes adventices et leur seuil de nuisibilité.
(1) Decclic : Développer la connaissance, combiner et déployer pour mieux désherber les dicotylédones.
(2) Sonito (tomates), Terres Inovia, Arvalis, Inov3PT (plants de pomme de terre), Francopia, Inrae, chambre d’agriculture du Loiret.