C’est une évolution majeure du métier d’entrepreneur de travaux agricoles (ETA) qui est en train de se concrétiser. Selon une étude réalisée par la Fédération nationale des entrepreneurs des territoires (FNEDT), 54 % des ETA proposent désormais une prestation complète « du semis à la récolte ». Cette proportion est en hausse augmentation puisque lors de la dernière enquête en 2013, ils n’étaient que 34 % à proposer ce service. La tendance est particulièrement forte chez ceux qui possèdent aussi une exploitation (62 %) et dans la région sud-ouest. En moyenne, la prestation complète représente 32 % du chiffre d’affaires des ETA. Près de la moitié des entrepreneurs réalisant des prestations complètes pensent que cette activité est amenée à se développer encore, l’autre moitié table sur une stabilité.
Conserver le patrimoine
Selon les entrepreneurs interrogés, les agriculteurs qui font de la prestation complète veulent conserver un patrimoine familial sans s’impliquer dans la réalisation des travaux. « Cette situation pose d’ailleurs un véritable problème pour les jeunes agriculteurs puisqu’il y a moins de terres disponibles pour l’installation », remarque Patrice Durand, directeur de la FNEDT.
L’autre tendance très nette est celle des éleveurs qui ne veulent pas gérer les travaux des champs pour se concentrer sur les ateliers de production animale. Enfin, la troisième tendance forte est celle d’agriculteurs qui ne veulent plus prendre de risque juridique et technique.
« Vu le contexte actuel de mise en cause de l’agriculture, certains cherchent à déléguer la complexité administrative et le stress des relations avec les voisins », déplore Gérard Napias, président de la FNEDT. L’enquête montre aussi que l’entrepreneur a un rôle de conseil auprès de l’agriculteur. « Il faut d’ailleurs se préparer à la séparation du conseil et de la vente car 42 % des entrepreneurs interviennent dans le choix des intrants », rappelle Patrice Durand.
Incertitudes sur le paiement
Si la prestation complète représente une solution de gestion pour les agriculteurs qui y ont recours, le risque économique pèse davantage sur les entrepreneurs. Pour près de la moitié d’entre eux, la rentabilité de la prestation complète va poser un problème dans les années à venir, notamment avec les incertitudes sur le paiement.
« La question qu’il va falloir se poser rapidement, c’est comme faire de la prestation complète en étant rentable, insiste Gérard Napias. C’est d’autant plus compliqué que l’augmentation du prix des machines est perpétuelle et que dans les zones intermédiaires à faible rendement, le coût de la prestation par l’ETA ne passe plus. L’idéal serait d’ouvrir les aides à la mécanisation aux entrepreneurs. »