« Parmi nos clients, nous observons des taux de réussite élevés, autour de 85 % et des retournements efficaces » : expert chez Optimes et président du réseau Experts Emergens, Guillaume Favoreu rappelait lors d’un webinaire, organisé le 26 novembre 2020, tout l’intérêt des procédures collectives des entreprises agricoles. Si la liquidation judiciaire est sans doute celle qui est la plus connue et la plus crainte des agriculteurs, d’autres procédures permettent de traiter les difficultés financières tout en ayant pour objectif de maintenir l’unité de l’exploitation. Encore faut-il que celles-ci soient actionnées suffisamment tôt.
Donner toutes les chances à la survie de l’entreprise
D’où la nécessité pour ce réseau de communiquer sur le bien-fondé de ces dispositifs. « Les procédures collectives ont une mauvaise image. Les gens ont du mal à y aller. Et quand ils y vont, c’est souvent trop tard. Certaines procédures ne sont plus accessibles dès que l’agriculteur est en état de cessation des paiements, souligne l’expert. C’est notamment le cas pour le règlement amiable agricole et la procédure de sauvegarde. Pour donner toutes les chances à la survie de l’entreprise, Guillaume Favoreu conseille de faire appel à des professionnels le plus en amont possible des difficultés. Le « diagnostic global initial proposé par le réseau Expert Emergens permet de trouver des solutions pour garantir la pérennité de l’entreprise après une analyse de sa gestion et de sa stratégie. Un audit qui peut être financé par l’Area, l’aide à la relance des exploitations agricoles. »
Une forte méconnaissance
« Il y a très peu d’ouverture de règlement amiable agricole. Dans la grande majorité des cas, ce sont les créanciers qui sont à l’origine de la démarche. C’est très rarement le débiteur. » Un « constat fort regrettable » pour Guillaume Favoreu. La Mutualité sociale agricole (MSA) est souvent la première à engager l’agriculteur en procédure collective, selon les retours d’expérience partagés lors du webinaire. Les différents experts regrettent la méconnaissance de ces procédures de la part des agriculteurs mais aussi parfois par les professionnels qui les accompagnent. C’est notamment le cas de certains comptables, selon le commentaire d’une participante au webinaire travaillant au sein d’une association de gestion et de comptabilité.
« L’important est de sauver l’entreprise et sa famille »
« Les apports de fonds par le noyau familial pour traiter les difficultés financières sont souvent réalisés à pure perte si cela est fait sans stratégie globale. Le traitement des difficultés n’en est que retardé », constate sur le terrain, Guillaume Favoreu. L’expert observe également le poids important de la culpabilité de certains agriculteurs à s’engager dans une procédure collective. « Il n’est pas rare que des larmes coulent lors de nos rendez-vous. Il faut arriver à ce que le dirigeant reprenne le dessus et confiance en lui. Peu importe ce que disent les voisins. L’important est de sauver l’entreprise et sa famille », martèle Guillaume Favoreu.