« Tu peux quand même faire mieux qu’un bac agricole ! » Voici une des phrases contre lesquelles Sandrine Foucault se bat régulièrement. Elle n’est pourtant pas conseillère d’orientation, ni enseignante agricole… elle est professeur de mathématiques, à Pithiviers (Loiret). Femme d’agriculteur, elle voit avec inquiétude le nombre de fermes diminuer et les difficultés à attirer les jeunes vers l’agriculture. Pourtant, elle connaît la diversité et la richesse de ces métiers. « Je me suis toujours battue pour faire connaître le monde agricole », témoigne-t-elle.
Avec l’équipe pédagogique, elle a décidé de tisser des liens entre l’enseignement général et le monde agricole. Depuis quatre ans, elle organise au lycée d’enseignement général Duhamel Dumonceau une semaine sur la découverte du monde agricole à la fin d'octobre. Témoignages de jeunes agriculteurs, rencontres avec des entreprises, présentation des orientations agricoles, dégustation de produits locaux, projection de films… Elle a pensé à tout pour déconstruire les idées reçues et les préjugés.
Un autre visage de l’agriculture
Devant une salle le 17 octobre 2023, Anaïs, Maxence, Natacha et Ambre n’osent pas entrer. À l’intérieur, quatre stands d’organisations professionnelles sur l’orientation agricole les attendent. « Soyez curieux », leur lance Sandrine Foucault. Dans d’autres salles, le lycée horticole de la Mouillère montre une serre connectée, la Région Centre-Val de Loire propose un panel d’orientations avec un casque de réalité virtuelle et le lycée agricole Le Chesnoy explique qu’il ne forme pas que des agriculteurs. Des entreprises, comme Axéréal ou Prova (fabrication d’arômes) sont aussi présentes.
À la récréation, les lycéens peuvent déguster une pomme du verger de Gallerand. Puis en classe, ils rencontrent Camille Poisson et Sylvain Pellerin, venus expliquer leur métier d’arboriculteurs. Installés à Chilleurs-aux-Bois, ils produisent et vendent en direct des pommes et de la rhubarbe. « La plupart des élèves ne connaissent pas grand-chose à l’agriculture, mais on sent qu’ils sont intéressés. À nous d’expliquer notre métier », souligne Sylvain.
Cette semaine d’animations a-t-elle créé des vocations ? « Je n’avais pas pensé à ces métiers », avoue Ambre. Pour Sandrine Foucault, cette découverte des métiers de la nature devrait être obligatoire dans tous les lycées d’enseignement général. Elle en avait parlé à Emmanuel Macron, lors de sa venue à Terre de Jim à Outarville en 2022. La future loi d’orientation agricole prévoit « une sensibilisation des écoliers, collégiens et lycéens aux métiers de l’agriculture ».